La 6e promotion de l'art du comédien augure un bon cru. Depuis mars 2001, le théâtre El Hamra n'a pas cessé de s'ouvrir et d'offrir une formation théâtrale pour tous les ressortissants des pays arabes et africains. Discrets et travailleurs, les membres de l'équipe du metteur en scène Ezzeddine Gannoun ont cru et croient encore en un espace commun entre les mondes arabe et africain, un espace qui abolit les frontières culturelles et linguistiques pour atteindre un langage universel: celui du théâtre, de la scène et de l'art. C'est ainsi que depuis la création du Centre arabo-africain de formation et de recherche théâtrale, des promotions se sont succédé pour une formation post-graduée qui commence par le premier degré d'initiation à la scène pour avancer vers des formations plus poussées atteignant des degrés plus perfectionnés. C'est ainsi que vendredi dernier, à El Hamra, nous avons assisté à la démonstration de fin de stage de la 6e promotion, une promotion qui fait ses premiers pas dans le métier et qui, avec l' ARAF center, a entamé son premier degré de la formation d'acteur. C'est un groupe de 24 apprentis comédiens venus du Sénégal, du Burkina Faso, de Côte d'Ivoire, de Libye, d'Irak, du Bénin, du Togo, de Djibouti, d' Egypte, du Liban, de Palestine, du Rwanda et de Tunisie, qui se sont réunis sous la direction de Leïla Toubel , Siryne Ganoun et Ezzedine Gannoun pour apprendre les ficelles du métier du 23 septembre au 4 octobre. Trois tableaux ont été présentés aux habitués d'El Hamra. Ils illustrent le résultat de deux semaines de travail intensif dans le cadre de trois ateliers « Anatomie du Corps » dirigé par Siryne Gannoun, « Energie et Coaching » avec Leïla Toubel et « Les mots du corps » avec Ezzeddine Gannoun. Le travail présenté démontre de la bonne pâte de cette 6e promotion, une promotion d'art du comédien qui bien qu'à ses premiers pas, confirme la place du corps dans ce métier de scène. Le premier tableau présenté par les 24 stagiaires a communiqué une belle énergie et une étonnante synergie. Les convulsions du corps, ses ondulations, ses suspensions et ses chutes ont créé un langage commun à ces acteurs en cours de formation. La sensibilité que nous avons ressentie dans ce travail augure une bonne cuvée... en attendant les prochains degrés. Dommage, et on ne cessera jamais de le dire, que des projets de cette ampleur qui situent la Tunisie au centre de toute une dynamique artistique et formatrice alliant monde arabe et continent africain, restent, jusqu'à aujourd'hui , totalement ignorés par les autorités de tutelle. En effet, le ministère de la Culture et encore moins celui de la Formation professionnelle ne daignent accorder une quelconque attention à ce qui se fait du côté d'El Hamra. Nous le regrettons.