Le documentaire réalisé par Latifa Doghri figurera dans la sélection officielle de la troisième édition du Festival de Luxor pour le film africain en Egypte. Made in Gougou de Latifa Doghri est un documentaire de 72 minutes, filmé à Djerba où on découvre l'histoire d'une femme pas comme les autres, surnommée Elloulou. C'est «une vieille femme noire enfermée dans une maison. Peu de gens sont autorisés à la voir. On parle de folie... On parle de maladie grave, on parle d'accès de fureur. C'est une pionnière de la musique noire sur l'île. Un personnage fascinant qui a bravé tous les interdits d'une société esclavagiste... C'est l'histoire d'Elloulou à travers ses enfants et petits-enfants qui continuent à perpétrer cet art millénaire, mais en lui donnant des allures de business florissant». Comme la décrit ce synopsis, cette femme est en train de devenir une légende et un symbole. Au-delà de ce personnage, le film documente la tradition musicale insulaire à Djerba et lève le voile sur un quotidien longtemps marqué par le racisme. Après avoir été projeté en Tunisie pendant le Festival des droits de l'Homme et reçu la mention spéciale du jury aux Douz Doc Days, le film entame sa tournée dans les festivals internationaux avec sa sélection dans la compétition officielle de la troisième édition du Festival de Luxor pour le film africain. De par sa thématique, le film aura sans doute sa place parmi les autres films sélectionnés. Il montre, en effet, un autre visage de la vie en communauté en Tunisie et sur l'histoire occulte de notre pays. Un devoir de mémoire envers cette femme qui enrichi, en même temps, notre patrimoine filmique. Dans ce sens, la réalisatrice affirme, dans sa note d'intention, que «son ambition dans ce projet est de tenter d'approcher ce milieu fort discret, de le solliciter à s'ouvrir à notre désir de comprendre le statut de la communauté noire de Djerba". Elle ajoute que son projet "consiste donc à composer la radioscopie d'un groupe, à travers le portrait des membres d'une famille djerbienne, dont la vocation est de perpétuer la tradition musicale noire. En même temps, à travers ces personnages et leur musique, c'est l'ensemble de l'île, avec son histoire, ses composantes sociales, économiques et culturelles qui prend forme et consistance, et s'imposera comme le sujet principal de notre projet». Une histoire qui a toutes ses chances pour se distinguer des autres films de la sélection.