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Mi-figue, mi-raisin
Rencontre annuelle des réalisateurs de films tunisiens - Cuvée des films 2011
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 02 - 2012

La première rencontre annuelle des réalisateurs de films tunisiens, tenue du 17 au 19 février dans les salles le Colisée, le 7e Art, le Mondial et la maison de la culture Ibn-Rachiq, et consacrée à la production filmique de l'année 2011, aura été, en fin de compte, mi-figue, mi-raisin. En dépit des efforts d'organisation, certains films annoncés dans le programme n'ont pas été projetés sans que l'on en sache les raisons. Le public est resté limité, en dépit de la médiatisation faite autour de l'événement. Même à la séance d'ouverture qui, pourtant, honorait un grand nom du 7e art tunisien : Hamouda Ben Halima, réalisateur de «Khélifa Lagraâ», l'assistance était timide. Cette première rencontre de l'ARTF a été l'occasion, disons-le, de découvrir les différentes tendances cinématographiques, du long au court en passant par le moyen métrage et de la fiction au documentaire.
L'ouverture a été marquée par la projection de deux œuvres de Hamouda Ben Halima : «Des terres et des hommes», un court documentaire de commande en noir et blanc sur la réforme agraire (autrefois interdit) et le fameux long métrage en noir et blanc «Khélifa Lagraâ» (Khélifa le teigneux) réalisé en 1969. La présence du réalisateur, affaibli par la maladie, et de son disciple Nouri Bouzid, a rehaussé la soirée et permis à l'assistance, formée de plusieurs jeunes, d'apprécier la qualité scénaristique et de mise en scène de ce film produit avec peu de moyens. Nouri Bouzid et Férid Boughdir ainsi que d'autres cinéastes se sont grandement inspirés de cette œuvre pionnière en spécificité de la personnalité tunisienne.
Parmi les œuvres pertinentes présentées lors de cette rencontre, nous pouvons citer le documentaire «Boxe avec elle», de Latifa Robbana Doghri et Salem Trabelsi, qui nous fait pénétrer dans le monde de la boxe féminine. Un monde particulier que la caméra explore de près, en brossant les portraits des figures emblématiques de ce sport réservé autrefois à la gent masculine. On suit ces filles sur le ring en train de s'entraîner, dans les vestiaires, dans leur vie quotidienne et même dans leurs déplacements à l'étranger lors de jeux olympiques. Stress et soucis, angoisse et peur, joie et détermination traversent les visages de ces «miss» du ring, à la fois ordinaires et extraordinaires. Des portraits filmés avec beaucoup d'attention, d'amour et de respect par notre collègue, lui-même ex-boxeur, en l'occurrence Salem Trabelsi qui maîtrise son sujet.
Il y a eu aussi «Waya Raye», —premier long métrage documentaire de Issam Saïdi—, qui est le portrait de Am Habib Jouini, musicien de stambali, représentant d'une minorité noire originaire de l'Afrique subsaharienne, soucieux de connaître ses origines et de sauvegarder une musique en voie de déperdition. Le film ne s'attarde pas trop sur la musique mais emprunte d'autres voies : la quête d'identité, la mise en lumière d'une communauté ethnique et d'un patrimoine musical en péril ainsi que la transmission de ce patrimoine. Le spectateur suit le parcours de ce personnage populaire qui va jusqu'à l'île de Gorée à la recherche de ses racines.
On retrouve le thème du départ dans «111, rue de la poste», documentaire de 52 minutes de Sara Abidi. Il s'agit d'un film qui raconte le désarroi de jeunes filles venues d'Afrique ou d'Europe de l'Est pour trouver un emploi ou faire des études en Belgique. Elles habitent de manière temporaire un foyer qui ressemble à un ghetto ou à une geôle des temps modernes. Sara Abidi, qui est l'une de ces jeunes filles, s'empare de sa caméra pour révéler l'univers de ces femmes seules et solidaires face à un monde hostile. De cette réalité amère, la réalisatrice extirpe les sentiments refoulés de ces locataires en transit. Les rêves s'évaporent dans un ciel brumeux traversé par avion qui rappelle le bled. La réalisatrice a choisi le huis clos pour mieux incarner l'idée de l'enfermement et de la solitude.
S'emparer des signes de l'actualité, de ses icones et de ses mécanismes sous l'angle du documentaire, telle est la démarche qu'ont entrepris Mourad Ben Cheikh pour son long métrage documentaire «Plus jamais peur» et Rafik Omrani pour «Fellaga». Le premier a fait appel à des personnalités ayant connu des sévices lors du régime tyrannique de Ben Ali et leur a donné, pour la première fois, la parole pour qu'ils s'expriment sur leurs souffrances et leur délivrance qui a découlé de la révolution. Le deuxième a investi la place de la Kasbah lors des sit-in des révolutionnaires en les laissant s'exprimer sur leur situation et sur la politique du pays. Les deux œuvres font écho et s'emploient à documenter un événement unique.
Si les documentaires témoignent d'une certaine vitalité et d'un dynamisme, tant au niveau de la forme que du contenu, les fictions, quant à elles, se cantonnent dans une esthétique traditionnelle et linéaire, prouvant que depuis «Khélifa Lagraâ», nos cinéastes ne sont pas parvenus, dans leur majorité, à faire évoluer l'héritage cinématographique en l'insérant dans une dynamique combinant des approches esthétiques nouvelles avec des thématiques ayant trait aux changements survenus après la révolution.


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