Ennahdha ne quittera le pouvoir qu'après l'adoption de la Constitution. Mehdi Jomâa devra patienter pour investir le palais de La Kasbah Il semble que la date du mercredi 8 janvier 2014 prévue pour l'annonce par Mehdi Jomâa de son équipe ministérielle, conformément aux délais fixés par la feuille de route, n'est plus de mise. Ainsi apprend-on auprès de Ali Zeddini, représentant de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (Ltdh) et de Mouldi Jendoubi, secrétaire général adjoint de l'Ugtt (tous deux membres du Quartet aux côtés de l'Utica et de l'Ordre des avocats) que la date du 8 janvier est bien celle de la remise par Ali Laârayedh de la démission officielle de son gouvernement. «Le même jour ou au plus tard le jeudi 9 janvier, le président de la République provisoire Moncef Marzouki chargera officiellement Mehdi Jomâa de former son gouvernement», confie à La Presse Ali Zeddini. «Selon les informations qui nous sont parvenues, ajoute-t-il, Mehdi Jomâa a pratiquement formé son gouvernement. Nous nous attendons à ce que l'équipe Jomâa soit révélée le 12 ou le 13 janvier, le jour de l'adoption de la Constitution à l'ANC si les constituants respectent les délais convenus. Des délais presque impossibles Reste un écueil qu'il faudrait aplanir à tout prix. Il s'agit de la révision de la petite Constitution, comme le prévoit la feuille de route du Quartet. «Cette révision vise à donner davantage de liberté au gouvernement Jomâa qui aura besoin uniquement de l'aval de la majorité ordinaire pour obtenir la confiance de l'ANC et qui ne pourra être révoqué que si les deux tiers des constituants le sanctionnent par une motion de censure», relève Ali Zeddini. Qu'en est-il maintenant de la position du Dr Moncef Marzouki? «Nous l'avons déjà rencontré au nom du Quartet et il nous a promis qu'il procédera à la désignation de Mehdi Jomâa pour constituer le prochain gouvernement, aussitôt que Laârayedh démissionne, soit le 8 ou le 9 janvier comme attendu», précise encore le responsable de la Ltdh. Il se trouve, toutefois, que plusieurs parties politiques, y compris parmi celles participant au Dialogue national, ne croient plus à ces dates et vont jusqu'à considérer qu'il est pratiquement impossible qu'elles soient respectées, au vu du rythme selon lequel évoluent les discussions du projet de la Constitution à l'ANC. «J'ai la conviction intime que le gouvernement Laârayedh ne fera ses bagages qu'après l'adoption de la Constitution et l'installation de l'Instance supérieure indépendante des élections. Il est vrai que Laârayedh a fait part, dans sa lettre au Quartet, de son engagement à démissionner, mais il a ajouté une condition selon laquelle son gouvernement partira après le parachèvement du processus électoral et constituant», indique Lazhar Baly, président du parti El Amen. D'autre part, Ennahdha tient, à tout prix, à ce que Ali Laârayedh signe, aux côtés de Marzouki et de Ben Jaâfar, le projet de la Constitution avant sa promulgation dans le Jort. «Le parti nahdhaoui est déterminé à inscrire son nom dans l'Histoire de la Tunisie et c'est bien pour cette raison qu'il ne quittera pas le pouvoir le 8 ou le 9 janvier comme le laissent entendre les déclarations de certains membres du Quartet», souligne Lazhar Baly. Y a-t-il une solution en perspective ? «Pour moi, il est impératif de réviser les dates déjà annoncées en prenant en considération l'éventuel retard que prendra l'adoption de la Constitution. Il faut amender aussi la petite Constitution en annulant la disposition relative au référendum qui n'a plus de raison d'être à la suite du consensus auquel a abouti le Dialogue national», conclut-il.