Venant de l'UAPT qui vient d'organiser la biennale d'art contemporain arabe, très décevant ! La salle de l'information, à Tunis, jadis réquisitionnée par le régime de Ben Ali pour des manifestations organisées par le RCD et autres célébrations du 7 novembre, a ouvert ses portes après le 14 janvier 2011 pour accueillir des expositions d'art. Les artistes ont pu, ainsi, récupérer un espace de plus. La même salle abrite, depuis le 4 janvier, une exposition d'œuvres d'artistes de l' Union des artistes plasticiens tunisiens (UATP) et de la Fédération tunisienne des artistes plasticiens (FTAP). 20 artistes (peinture et sculpture) du côté de l'UAPT et environ une dizaine du côté de la Fédération y ramènent leur regard sur la révolution du 14 janvier 2011. Trois années de révolution qui ne semblent pas avoir marqué la scène artistique tunisienne (du moins du côté de ces associations) si l'on se fie à cette exposition. Que dire sur cette exposition sinon que les regards et autres propositions plastiques sont demeurés malheureusement très au premier degré, se contentant de faire dans la simple illustration et dans l'anecdotique avec une pointe de symbolisme terne et un peu trop «kitsch». Quelques exceptions faites, l'on demeure dans les cris artistiques et les œuvres slogans exprimés au premier degré avec des gueules ouvertes à souhait et des titres tels que la fameuse réplique «Haremna» (on a vieilli) , «Expression», «Traces de colère» qui n'ajoutent rien à la valeur symbolique de l'œuvre. Techniquement, certains ont même parfois frôlé le médiocre avec un flagrant non-respect de la matière (des collages insipides, des huiles qui donnent des haut-le-cœur). La symbolique de l'événement que l'on commémore, peu importe le bilan politique de la présumée révolution, méritait mieux que cela. Mieux encore, le public tunisien ainsi que l'art tunisien méritent mieux que cela. Après trois ans, il n'est plus permis de simplement illustrer des événements, de reproduire des scènes photographiées lors de révoltes et autres sit-in ou, pis encore, de faire dans le symbolisme kitsch. Il aurait, peut-être, été moins insipide de faire un petit bilan sur l'évolution des arts plastiques en Tunisie via une exposition rétrospective réunissant différentes techniques et supports. Très décevant de la part de l'UAPT qui vient d'organiser la biennale d'art contemporain arabe!