«Un bon designer n'a peut-être pas toutes les réponses, mais il sait quelles questions poser» Rudy Duke «Designez votre quotidien». C'est le joli défi que propose aux jeunes créateurs tunisiens l'association Process. L'idée est née d'un projet universitaire au départ, qui a grossi pour devenir national. Ce qui est la preuve que les bonnes idées sont fécondes, et trouvent écho. Fatma Kilani, qui s'est donné pour joli rôle de sensibiliser à toutes les formes d'art les forts en maths auxquels elle enseigne dans le cadre de l'IHEC et de l'Ecole Polytechnique, pensait le proposer comme sujet d'études à ses étudiants. Pour fignoler le projet et le transposer de rêves ambitieux à réalités concrètes, elle a associé sa complice Mémia Taktak. Elles élaborèrent ainsi un cadre plus large, donnèrent un écho plus vaste, et montèrent une opération de bien plus grande envergure que le simple projet universitaire initialement envisagé. On impliqua l'Association Process dont la mission est la valorisation du design en Tunisie, et on monta un concours «le Process Competition» qui deviendra une compétition annuelle ayant pour vocation «de mettre en orbite le talent et la créativité des jeunes designers tunisiens». Pour cette première édition, le sujet choisi s'imposait : l'objet domestique de demain. Comment embellir le quotidien, donner une esthétique aux réalités les plus triviales, rendre artistique ce qui ne relevait que du fonctionnel. Tout en tenant compte, bien sûr, des impératifs techniques de la production industrielle. On impliqua donc des entreprises amies qui, toutes acceptèrent de parrainer, chacune, un thème : «Vaisselle jetable», «La faïence dans tous ses états», «Le recyclage», «La beauté et ses accessoires», «L'art de la table», «Le mobilier et l'objet», «Le mode de vie écologique» et «Calpinage graphique et volumétrique». L'objectif est clairement défini : il s'agit de créer des ponts entre les métiers liés au design, et le monde de l'entreprise, cela afin, bien sûr, de favoriser l'émergence de produits innovants, et de booster l'imagination et la créativité des jeunes. Pour faire appel à ceux-ci, on a brassé large : le concours est ouvert aux candidats tunisiens inscrits dans une école, faculté, institut, public ou privé, national ou international, de design, d'Arts et Métiers, d'architecture ou des beaux-arts au niveau master ou post-diplômes. Mais également aux professionnels diplômés de moins de trois ans. Chacun devra présenter un projet pour une des entreprises partenaires. Trente projets «coup de cœur» seront retenus. Une dizaine seulement sera cependant sélectionnée pour la deuxième phase du concours. Cette deuxième étape permettra aux designers d'intégrer une équipe pluridisciplinaire d'étudiants avec un marketeur de l'IHEC et un ingénieur de Polytechnique. Le concours vient d'être lancé. La remise des projets doit se faire avant avril prochain. Et nos jeunes designers planchent assidûment. Ils pourront ainsi vérifier la devise de Charlotte Perriand : «L'important ce n'est pas l'objet, mais l'homme».