La députée Fatma Mseddi a affirmé, dans une déclaration accordée mardi 12 août 2025 à Diwan FM, que la présidence du gouvernement prendra les mesures juridiques nécessaires contre la Caravane Al Soumoud, après avoir relevé plusieurs irrégularités dans son organisation et ses financements. Cette annonce fait suite à une réponse officielle obtenue par l'élue à une question écrite adressée au gouvernement en juin dernier. Selon la députée, la présidence du gouvernement a confirmé l'existence de dépassements commis par certaines associations impliquées dans l'initiative, en particulier l'association Le million de rurales. Officiellement présentée comme une action humanitaire, la caravane aurait également organisé des sit-in, mobilisations et manifestations, ce qui, selon Fatma Mseddi, dépasse le cadre humanitaire déclaré et enfreint la loi sur les associations. La parlementaire souligne que la Caravane Al Soumoud n'a pas été annoncée par une association agissant dans les règles, mais par un groupe d'activistes ne disposant pas du statut légal requis. Cette configuration rend impossible l'identification d'une entité juridiquement responsable, ce qui constitue, d'après elle, une violation du décret-loi n°88 encadrant les associations. Elle accuse également Le million de rurales d'avoir outrepassé son champ d'action, normalement centré sur la condition de la femme rurale, en menant des activités non déclarées auprès des autorités tunisiennes.
La réponse officielle du gouvernement indiquerait que les associations impliquées ont collecté des dons et financements sans respecter les procédures prévues par la loi, notamment l'absence de comptes bancaires dédiés et de déclarations préalables, en infraction avec les articles 40 à 44 du décret-loi n°88. Des aides et financements étrangers auraient également été reçus hors des circuits légaux, sans dépôt des rapports financiers et juridiques requis. Fatma Mseddi cite l'exemple du Million de rurales, qui n'aurait pas présenté ses rapports financiers au gouvernement. La députée va plus loin, affirmant que certaines activités de la caravane relevaient du domaine diplomatique, normalement réservé au président de la République, et qu'il pourrait y avoir eu violation de la loi en matière de politique étrangère.
Le 23 juin 2025, Fatma Mseddi avait déjà interpellé la cheffe du gouvernement sur la légalité de la caravane, mettant en doute le statut juridique de ses organisateurs, le flou entourant ses financements et la nature exacte de ses activités. Elle avait pointé une incohérence entre l'entité non reconnue « Coordination », qui promeut la caravane, et l'association Le million de rurales et les sans-terre, au nom de laquelle les demandes d'autorisations auraient été déposées. Ses critiques répétées ont suscité de vives réactions. Wael Naouar, porte-parole du mouvement Al Soumoud, l'a accusée d'« offense au peuple tunisien et à la cause palestinienne » et l'a qualifiée de « honte pour ses électeurs ». Il a même comparé son opposition à la caravane à une « attaque contre la plus noble forme de soutien au peuple palestinien en Tunisie depuis Farhat Hached ». Dans la foulée, Wael Naouar a annoncé le lancement d'une pétition dans la région de Sfax-Sud pour demander le retrait de confiance à l'égard de la députée.