Par Jawhar CHATTY Mehdi Jomâa ne sera pas à Davos. Il a décliné l'invitation qui lui a été lancée en vue de prendre part aux travaux de la 44e session du Forum économique mondial. Idem pour Ali Laârayedh. Seul le leader du parti Nida Tounès, Béji Caïd Essebsi, a déjà annoncé sa participation. Quant à Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, certains médias ont évoqué sa participation. Mais cette information reste à confirmer. Mehdi Jomâa a donc choisi de ne pas se rendre à Davos. C'est une décision sage. Tout l'y autorisait, pourtant. Il est le futur chef du gouvernement tunisien nommé. Il bénéficie aussi bien d'un préjugé favorable à l'échelle nationale que d'un indéniable crédit à l'échelle internationale, auprès notamment des chancelleries étrangères les plus influentes. Sa présence à Davos n'aurait de fait été ni étrange ni saugrenue. Encore moins perçue comme un cheveu sur la soupe ! La décision de Mehdi Jomâa de ne pas se rendre à Davos est quand même sage, parce qu'il ne voulait peut-être pas prendre le risque d'aller faire de la simple figuration, parmi les grands de ce monde et dans les coulisses de la finance et de l'économie mondiales. Parce que, du moins le suppose-t-on, il a le souci de la discrétion tout autant que de l'efficacité. Il sait qu'il ne peut pas aller à Davos les mains vides. Sans une équipe gouvernementale définitivement arrêtée et sans, surtout, un programme avalisé par l'Assemblée nationale constituante. En somme, sans une nette visibilité sur ses marges de manœuvre et au sujet des priorités de son gouvernement... A Davos, on discute particulièrement business et affaires. C'est un peu l'arrière-boutique de la diplomatie économique. Et en affaires, il est toujours bon de savoir, au préalable, ce qu'on veut et où on va, ce qu'on attend de l'autre et ce que l'on est en mesure de lui donner en retour. C'est là un minimum pour espérer décrocher des contrats, attirer des investissements et de nouvelles sources de financement. Souvenons-nous : Béji Caïd Essebsi y était, à l'époque, allé de tout son tact, sa sincérité et sa verve. Presque en vain. Des promesses faites alors à la Tunisie, il ne reste plus aujourd'hui que la sympathie que nous témoignent peut-être encore les pays du G8. La présence à Davos de l'actuel chef de gouvernement aurait, en revanche, été souhaitable si Laârayedh avait décidé de s'y rendre. Par cette présence, il aura été donné à la communauté internationale, et en particulier à la communauté internationale de l'économie et des finances, une excellente illustration du «made in Tunisia», en termes de transition politique pacifique et positive. L'idéal aurait été que le chef du gouvernement sortant et son successeur aient été tous les deux, côte à côte, présents à Davos. Au service de la Tunisie.