Face aux problèmes soulevés encore une fois par les acteurs du secteur de la pêche, les autorités répliquent par de vagues promesses. Il fallait assister à cette réunion consacrée à la pêche dans la région de Bizerte pour mesurer l'ampleur des problèmes qui assaillent les professionnels du secteur et comprendre quelques-unes des raisons du recul de la production halieutique dans le nord du pays. Abstraction faite de la baisse générale des ressources, ce sont les modalités de leur exploitation mais surtout les problèmes structurels qui ont été évoqués lors de cette réunion au siège du gouvernorat. Réunion tenue, dit-on, pour «rechercher les solutions à même de résoudre les problèmes du secteur». Vaste programme ! A écouter le chef de la circonscription de la pêche au CRDA de Bizerte, l'on est surpris de voir l'énorme courage dont font preuve nos braves pêcheurs pour nous garantir une simple friture. Problèmes structurels, infrastructurels... Le responsable a relevé des problèmes structurels et d'infrastructures notamment. L'on a su que nombre de ports tels que Zarzouna, le plus important de tous, Cap-Zebib ou encore Ghar-El-Melh ne disposent pas d'appareils de levage, ce qui contraint les unités de pêche à rechercher d'autres ports pour les opérations de manutention ou de travaux de maintenance. Dans d'autres ports, ce sont les services portuaires qui font défaut : pas d'eau ni de galce au port de Sidi Mechreg (Sejnane), par exemple. Le port de Menzel Abderrahman, quant à lui, se trouve soumis aux fureurs du vent SSE et nécessite la construction, revendiquée depuis longtemps, d'une digue protectrice. ... et d'ordre sectoriel et social D'autres préoccupations d'ordre sectoriel entravent les activités des pêcheurs. Les coûts de la production et l'amenuisement des stocks naturels d'espèces à forte valeur commerciale sont deux des raisons qui empêchent les pêcheurs de dormir. Sans compter, selon leurs représentants, les infractions faites aux règlements généraux d'exploitation, la couverture sociale des pêcheurs et le versement des cotisations des petits pêcheurs en faveur de la CNSS, le manque devenu quasi chronique de main-d'œuvre, l'émigration et la multiplication des unités de pêche récréative... Des cellules locales pour des problèmes récurrents et majeurs L'on se doute qu'une telle réunion a, une fois de plus, davantage soulevé les problèmes que recherché, avec tout le sérieux requis et la volonté affirmée, d'y trouver une solution durable et définitive. C'est peut-être à cause de cette certitude que certains, du bout des lèvres et sans trop y croire, ont émis des vœux de voir le port de Bizerte-Zarzouna mis à niveau (une litanie qui date !), d'exempter les équipements maritimes de droits d'importation, de veiller au désensablement des entrées de certains ports (Ghar-El-Melh)... Le gouverneur, président de la réunion, a répondu à tous les intervenants en ordonnant la constitution de cellules dans chaque délégation qui veilleront « à étudier, en collaboration avec toutes les parties concernées, tout problème spécifique et à préparer des solutions pratiques adéquates, afin également de mettre au point un programme urgent d'intervention pour remédier aux différentes lacunes évoquées». Les professionnels sceptiques Au sortir de cette réunion et après de longues heures de discussions, les représentants des pêcheurs n'ont pas manqué d'exprimer leurs doutes quant à l'éventualité d'une prise en charge de telles mesures, s'étant éreintés des années durant à réitérer leurs demandes. Mais accordons aux responsables du secteur des circonstances atténuantes et un préjugé favorable.