Un programme national de réutilisation d'environ 130 millions de m3 par an d'eaux usées traitées Adaptation aux changements climatiques : un portefeuille national de projets en cours de finalisation Banque mondiale : nouvelle stratégie environnementale Un atelier régional sur "La stratégie environnementale 2010 du Groupe de la Banque mondiale" a été organisé, hier, à Tunis, à l'initiative de la Banque mondiale (BM) et la Société financière internationale (SFI) avec le concours du ministère de l'Environnement et du Développement durable. Cette réunion, qui se poursuit aujourd'hui, concerne la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et s'inscrit dans le cadre des consultations sous-régionales effectuées par la BM afin de définir les grands axes de sa stratégie environnementale pour 2010. La consultation devant être finalisée vers la fin de 2010, a pour objectif d'assurer la représentation régionale et sectorielle des points de vue des différents acteurs concernés (gouvernements, institutions, secteur privé) et d'aboutir à un consensus sur la nouvelle stratégie environnementale de la BM, de manière à répondre aux besoins prioritaires des pays de la région et d'optimiser l'utilisation des mécanismes de financement mis à leur disposition dans ce domaine. Pour ce qui est de la Tunisie, M. Nadhir Hamada, ministre de l'Environnement et du Développement durable, a indiqué que cette nouvelle stratégie sera axée sur plusieurs créneaux prioritaires. Ceux-ci ont trait à la préservation durable des ressources naturelles, la lutte contre la pollution toutes formes confondues, l'adaptation aux changements climatiques, la réutilisation des eaux usées, la valorisation énergétique des déchets et la préservation du littoral. Le ministre a insisté également sur le dossier des ressources hydriques, qui, a-t-il dit, constitue l'un des domaines prioritaires qu'il convient d'intégrer dans la nouvelle stratégie de la banque. Il a rappelé que la Tunisie, dotée d'un potentiel hydrique ne dépassant pas les 4,5 milliards de mètres cubes annuellement et une consommation de l'ordre de 450 mètres cubes par an et par habitant, est parvenue à mobiliser environ 90% de ses ressources en eau et à généraliser les techniques d'économie des eaux d'irrigation à un rythme annuel estimé à environ 20.000 ha. Un taux de mobilisation de 95% Cette politique, a-t-il poursuivi, sera renforcée au cours de la prochaine période en vue d'atteindre un taux de mobilisation de l'ordre de 95% et une meilleure exploitation des ressources hydriques non traditionnelles (eaux marines et saumâtres, eaux usées traitées…). M. Hamada a fait savoir qu'un programme est actuellement engagé en vue de réutiliser environ 130 millions de mètres cubes par an d'eaux usées traitées produites dans les stations d'épuration du Grand-Tunis en vue de la promotion des cultures fourragères et céréalières, avoisinant à moyen et à long terme les 35.000 ha dans les gouvernorats de Kairouan, Sousse et Zaghouan. Autres questions prioritaires évoquées par le ministre: la désertification et la dégradation des terres agricoles. Il a appelé, dans ce cadre, à déployer plus d'efforts dans les domaines de la conservation des eaux et du sol (CES) et de la valorisation du patrimoine génétique national. Promotion des énergies renouvelables M. Hamada a également plaidé pour une meilleure intégration des programmes de reboisement et de protection des écosystèmes forestiers dans le cadre de la nouvelle stratégie de la BM. L'accent doit être mis également, a-t-il ajouté, sur les secteurs de gestion des déchets, de maîtrise de l'énergie et de la promotion des énergies renouvelables. Sur ces sujets, le ministre a souligné que la biomasse traditionnelle, notamment les déchets de margine, le bois de feu et le charbon de bois constituent une importante source d'énergie et offrent un potentiel important pour la valorisation énergétique, le compostage, l'enrichissement et la fertilisation des terres, d'où l'enjeu d'en optimiser la gestion, a-t-il dit. Il en est de même pour les déchets verts, dont les quantités sont estimées à 7 millions de tonnes par an et les déchets organiques notamment la fiente des volailles, qui représentent de par leur quantité et leur richesse nutritive et énergétique un créneau prometteur à exploiter. Au chapitre des changements climatiques, M. Hamada a relevé qu'à l'instar du portefeuille national pour les projets MDP (mécanisme de développement propre), un portefeuille national similaire pour les projets d'adaptation aux changements climatiques est en cours de finalisation avec le concours des parties concernées. Le ministre a appelé la Banque mondiale à assister au mieux les pays de la région Mena afin de leur permettre de tirer profit des mécanismes de financement offerts par les fonds prévus dans le cadre de l'adaptation aux changements climatiques (Fonds d'investissement climatique et le programme d'investissement pour les forêts (FIP). Sur le plan régional, le débat, animé par Mme Dahlia Lotayef de la Banque mondiale, a porté sur les défis environnementaux qui s'imposent à la région Mena. D'après les données présentées, la région sera confrontée à un problème d'inadéquation entre ses ressources naturelles limitées et sa démographie galopante qui risque de doubler d'ici 2050. Autres défis évoqués : la gestion des ressources hydriques, la lutte contre la pollution et l'adaptation aux changements climatiques, notamment dans le domaine de la santé. Selon les chiffres communiqués, près de 23% des décès enregistrés dans la région Mena sont liés à des problèmes environnementaux.