L'association a ouvert deux foyers d'une capacité totale de 26 lits pour héberger les malades qui ne peuvent pas faire tous les jours la navette «Venez vous faire soigner. Ne laissez pas la maladie vous vaincre. Pensez à votre famille, à vos enfants, je vous aiderai et je ne vous lâcherai pas», martèle Raoudha Zarrouk, la présidente de l'association des malades atteints du cancer dans son bureau qui ne désemplit pas. C'est le second appel reçu, au cours de la matinée, par cette dame dynamique, chaleureuse qui a fait de la lutte contre le cancer son principal cheval de bataille. Cette ancienne malade du cancer en 2000, elle découvre qu'elle est atteinte d'un cancer du sein dont elle guérira par la suite — a créé, en 2004, une association afin de soutenir les malades du cancer et d'apporter un soutien psychologique et financier pour ceux qui en besoin. Beaucoup, anéantis par l'annonce de la maladie, ont frappé à la porte de l'association où ils ont trouvé le réconfort qu'ils recherchaient car l'ancienne malade s'est mis un point d'honneur à faire de l'association un havre de paix. De beaux tableaux sont accrochés aux murs de la maison coquette perchée sur la colline de Bab Saâdoun, où l'association a élu domicile. La responsable de l'association a choisi des teintes chaleureuses pour la décoration et les meubles afin que les malades puissent immédiatement se sentir à l'aise. Dans la petite cuisine du foyer jouxtant le siège de l'association, Aziza, une vieille dame, concocte, tous les jours, des repas chauds pour les malades originaires des régions, qui ne peuvent faire la navette tous les jours et qui ont été hébergés par l'association. Lorsqu'elle a ouvert ses portes en 2004, cette dernière s'est donnée pour mission d'informer les malades, de les accompagner dans leur lutte contre la maladie, en servant de vis-à-vis avec les médecins et en facilitant leur prise en charge par l'hôpital. L'association leur apporte, par ailleurs, le soutien psychologique dont ils ont besoin et se charge de trouver les fonds pour ceux qui n'ont pas d'argent pour se soigner. «Je sais ce que c'est qu'avoir un cancer, relève la présidente de l'association. J'ai moi même eu un cancer du sein et cela a été dur. Lorsque j'étais malade, je remontais déjà le moral d'autres personnes atteintes du cancer qui venaient chez moi chercher du réconfort. Je me suis armée de courage et l'ai lutté contre la maladie. C'est comme ça que je suis arrivée à m'en sortir. J'ai décidé, alors, de créer une association pour aider les personnes atteintes du cancer à avoir la force et le courage de lutter et de s'en sortir car ce n'est pas facile». Les malades du cancer éprouvés par la maladie peuvent consulter le psychologue de l'association. En effet, l'équipe de l'AMC, est composée d'un nutritionniste, d'un sociologue, d'un cancérologue, d'assistantes sociales, d'une sage-femme et d'un psychiatre et d'un psychologue qui dispensent des séances gratuites pour ceux qui en ont besoin. En 2011, à la demande de l'administration de l'Institut Salah Azaiez, Raoudha Zarrouk a ouvert deux foyers d'une capacité totale de 26 lits pour héberger les malades qui ne peuvent faire tous les jours la navette. Ces derniers dorment et prennent tous les jours leur repas sur place jusqu'à la fin du traitement. «Certains malades originaires des régions intérieures n'ont pas les moyens de prendre tous les jours un moyen de transport pour se rendre à l'Institut afin d'effectuer leur séance de radiothérapie. Ce sont des personnes nécessiteuses et qui n'ont pas les moyens de se soigner. Or, les personnes atteintes de cancer ne doivent rater aucune séance de radiothérapie sinon le traitement perd toute son efficacité», a observé la présidente de l'association. La «maison verte» est loin de ressembler à une chambre d'hôpital. Une joyeuse ambiance y règne tous les jours. Après leurs séances de chimiothérapie, les malades se réunissent, regardent la télévision, écoutent de la musique, discutent de tout et de rien et rient ensemble. Une fois par semaine, ils assistent à une séance de thérapie de groupe avec le psychologue où ils évacuent leur mal-être alors que les assistantes sociales se chargent de les accompagner quotidiennement à leurs séances de chimiothérapie et de radiothérapie. Tout cela a fini par tisser de profonds liens d'amitié entre le personnel et les malades. Il n'y a pas que la joie. La tristesse est là aussi. Il y a quelques semaines, une malade atteinte du cancer, hébergée par l'association, est morte des suites de la maladie. « Cela nous a profondément chagriné, raconte Mme Zarrouk, la voix teintée de tristesse. Nous sommes une famille ici. Tout le personnel était très attaché à cette jeune femme qui respirait la joie de vivre. Pour pouvoir continuer, je préfère toujours penser à tout ce que l'association a réalisé de positif. C'est ce qui me permet d'avancer ».