De grands moments de lecture... La manifestation se poursuit aujourd'hui C'est avec les mots, scandés çà et là par des jeunes, à l'entrée de la salle du 4e Art, que le public a été accueilli lors de l'ouverture de la 3e édition d'Al Kalimat. La manifestation, créée avec la collaboration de deux associations, la tunisienne «Ness El Fen» et la française «Le Marathon des mots», présidée par Olivier Poivre-d'Arvor, a pour idée de partager avec le public le plaisir de la lecture, de textes en arabe et en français, à voix haute. Et ce sont les mots, ou plutôt les vers, du grand Ahmed Foued Negm, qui ont retenti les premiers, récités par deux jeunes tout autour de la salle. Un hommage au poète égyptien, que Jalila Baccar devait rendre, mais dont elle n'a pu s'acquitter à cause d'une aphonie. Un bref hommage qui a pris fin avec la voix et les mots du poète défilant sur l'écran de projection. La comédienne et animatrice Maryem Ben Hassine a pris, par la suite, la parole pour déclamer les vers de Nizar Kabbani. Les mots de Mahmoud Darwish étaient au rendez-vous également, lus par la comédienne Jouda Najeh qui, à sa manière et bien qu'elle n'ait pas eu le temps de se familiariser avec le texte, a su faire résonner les propos du grand poète et profiter de l'occasion pour rendre hommage à la femme tunisienne. Olivier Poivre-d'Arvor a modéré, par la suite, une sorte de débat littéraire réunissant sur la scène, aménagée à l'occasion, François Beaune, Saber Mansouri, Ali Becheur et Laurent Gaudé. Une occasion de présenter les œuvres de chacun, à l'instar des Histoires vraies de François Beaune : des histoires personnelles collectées pendant un an, chez les habitants de 13 villes portuaires de la Méditerranée qu'il a visitées, à savoir Marseille, Barcelone, Tanger, Alger, Tunis, Benghazi, Alexandrie, Haïfa et Ramallah, Beyrouth, Lattaquié, Izmir, Athènes et, pour finir, Palerme. Un site éponyme a été créé pour récolter toutes sortes d'anecdotes marquantes dont Beaune a fait une sélection, en y ajoutant ses anecdotes à lui, pour les rassembler dans un livre qu'il vient d'éditer. L'helléniste et arabisant, qui enseigne l'histoire grecque ancienne à l'Institut Catholique de Paris, Saber Mansouri, a essayé, de son côté, de parler de la mixité de l'identité tunisienne, de nos origines multiples et des différentes influences... A l'instar de celle qui, à partir de 1881, nous est venue de nos « protecteurs » et amis français, comme il l'exprime. Même si le débat ne fut pas long, on aurait voulu, quand même, plus de lectures à la place. On a parlé de démocratie chez nous et en France, du roman Le soleil des Scorta, de Laurant Gaudé (Prix Goncourt 2004). Une admirable lecture de quelques extraits du roman nous a été proposée par l'auteur lui-même et par la comédienne française Catherine Allégret, fille de l'actrice Simone Signoret et du réalisateur Yves Allégret. La manifestation se poursuit aujourd'hui dimanche, avec, bien entendu, des lectures, des débats et autres rencontres.