1) «J'ai pu capitaliser une idée assez exhaustive sur le tennis tunisien et sur l'élite depuis mon arrivée. Je peux dire qu'il y a un décalage énorme entre Malek Jaziri d'une part, et le reste des joueurs tunisiens à tous les niveaux, d'autre part. Les Skander Mansouri, Majed Kilani, Aziz Dougaz, Ameur Belhassane, représentant une génération au potentiel intéressant, mais qui attendent d'atteindre un palier d'excellence. Sincèrement, on n'a pas en Tunisie toutes les conditions requises pour un joueur professionnel ATP ou une joueuse professionnelle WTA. Si l'on veut emmener notre élite vers des hauts niveaux de performance, il faut aller en Europe. Vous avez 80% du top 100 au monde appartenant à des pays européens. Là bas, ils ont ce qu'on appelle «éducation touristique» avec des joueurs qui, à l'âge de 12 ans, se comportent comme étant des joueurs pros. Matures, agiles et fermes sur un court, ces jeunes forment une élite sûre d'elle. En Tunisie, et en Afrique en général, les moins de 12 ans, au talent valide et certain, finissent par disparaître peu à peu, faute d'environnement professionnel. Il y a également un problème sérieux, celui des clubs où il n'y a pas de travail de base. Chose qui pousse la FTT, aux moyens limités, à faire le maximum de rassemblements pour encadrer les jeunes talents. Mais permettez-moi de dire une chose : même s'il y a de sérieux problèmes de fond en matière d'élite, la situation n'est pas si catastrophique. Nous avons deux joueurs qui foncent vers le top 100 juniors en garçons, nous avons déjà deux champions mondiaux capables de revenir au top 100 messieurs et dames, alors qu'en féminines, il y a de la bonne graine chez les moins de 12 et de 14 ans. Ce qui manque au tennis tunisien, c'est de motiver les entraîneurs formateurs, en évitant de leur donner des salaires misérables, c'est aussi de créer des méthodes de travail propres aux champions. Faute de cela, les parents se trouvent obligés de se tourner vers l'Europe pour chercher un environnement professionnel à leurs enfants. Et ils ont raison!». 2) «Comme je l'ai dit à la première question, on manque d'environnement qui peut créer une éducation touristique aux jeunes talents. Je crois qu'un top joueurs de 18 ans doit réussir sa transition vers les seniors et le circuit professionnel en cherchant une base professionnelle d'élite en Europe. Ça ne sert à rien de rester ici si on a 18 ans et qu'on a de belles perspectives devant soi. Je suis aussi pour la création d'une base fixe qui attirera les joueurs arabes doués et qui prend en considération les caractéristiques des joueurs arabes et leur tempérament. Ce ne sera pas à but lucratif exclusivement, dans le sens où seuls les joueurs réguliers et entreprenants restent. Ce projet, s'il voit le jour, donnera un énorme coup de pouce à l'élite arabe. Si vous voulez atteindre le gotha mondial, il faut des bases solides dans le pays, c'est-à-dire des structures fondées de détection, de formation et d'accompagnement aux joueurs de talent. Il faut que le tennis soit pratiqué partout en Tunisie, vu qu'il y a de l'espace et des opportunités. C'est ainsi que l'on peut avancer».