Elite marginalisée, base compétitive de plus en plus rétrécie, Malek Jaziri seul contre tous, Ons Jabeur en plein doute, clubs à la dérive : l'état des lieux est affligeant. Un an presque après l'investiture du nouveau bureau fédéral, le paysage du tennis a-t-il changé vers le meilleur? Absolument pas. Demandez à tous les techniciens compétents et crédibles, demandez aux connaisseurs, ils vous diront que le tennis tunisien va de mal en pis. Nous ne sommes pas pessimistes, mais nous relatons ce qui se passe réellement. Il y a un énorme problème de gestion des affaires du tennis tunisien de la part de tous. FTT, clubs et techniciens. Il y a beaucoup de maillons qui manquent à la chaîne de performance. Mais il y a en même temps une langue de bois et une malhonnête «victimisation» de la part de ceux qui devraient faire les bons choix. Rien n'a changé : toutes les promesses de changement, toutes les promesses de s'approcher des clubs et de configurer un meilleur avenir du tennis se sont évaporées dans l'air : quelque temps après les élections. Est-ce une médaille en CAN veut dire que tout va bien? Est-ce que le fait de désigner un nouveau DTN dans un système archaïque veut dire que la FTT a pleinement joué son rôle? Là, nous critiquons les responsables en tant que personnes mandatées. Le président de la FTT qui dénonce une campagne de dénigrement contre lui est-il conscient que la Tunisie a changé et que la langue de bois et l'entêtement aveugle ne servent plus à rien ? Notre tennis ne se résume pas à Malek Jaziri et Ons Jabeur, les problèmes se sont encore aggravés. Gestion de l'élite, nombre de joueurs et de joueuses compétitifs, qualité de l'encadrement, financement des carrières des joueurs «pros», relations avec les clubs (qui assument une bonne part de responsabilité dans tout ce qui se passe), rôle de la DTN et efficacité de ses actions, promotion du tennis là où les gens adorent la balle jaune... voilà des dossiers mal gérés sur fond d'incompétence et d'irresponsabilité en 2012. Seul le courage de Malek Jaziri, de Ons Jabeur et des autres joueurs nous donne l'espoir de voir la situation se décanter. On peut toujours rêver. On peut toujours espérer qu'il y aura une vision et une approche plus intelligentes et plus sérieuses. Le tennis tunisien peut-il compter sur la manière actuelle de gestion pour rebondir ? Sûrement pas. Un bureau fédéral, ce sont 12 personnes qui ont le droit de donner des avis et de proposer des actions, et non une seule personne qui sait tout, qui fait tout et qui s'obstine à emprunter une voie sans issue. Peut-on faire quelque chose contre l'obstination ? Ça dépasse de loin le tennis. On revient sur les faits saillants de 2012. Malek Jaziri : courage ! Notre champion n'a pas bien conclu la saison. Après avoir été proche du top 60, Jaziri, marginalisé par tous et principalement la FTT, descend dans la hiérarchie mondiale. Il y a une première partie de la saison où Jaziri a conservé sa forme (finales à Kyoto, Quimper), avant de chuter après les JO de Londres. Actuellement, il est à la 116e place, un rang qui ne correspond pas à ses potentialités. Très mal soutenu, il devait gérer seul une carrière compliquée et coûteuse. Cela, au détriment de ses performances. C'est un épisode triste. On a excellé dans l'art de détruire un champion. Jaziri n'a que son courage pour rebondir. Tous ceux qui l'ont lâché doivent avoir honte. Ons Jabeur : l'espoir Le jeune talent a bien percé sur le circuit WTA. Pour sa première année, elle a laissé de bonnes impressions dans les tournois, mais aussi lors des JO. Forte dans la tête et dans les jambes, Ons s'installe en Tunisie sous la houlette de Anis Bouchlaka. Mais qui assume alors le fiasco de l'Académie Carlos-Rodriguez et l'épisode raté du coach russe? Que de temps perdu pour cette joueuse victime de mauvais choix. Coupe Davis : retour au groupe 2 Les équipiers de Haythem Abid retrouvent en toute logique le groupe 2. C'était prévu pour un quatuor qui ne pouvait pas rester au bas de l'échelle. On attend mieux lors de la Coupe Davis 2013. Nouveau DTN Youssef Miled succède à Anis Bouchlaka, qui a complètement raté sa mission. On vous donne un chiffre effrayant : 4 DTN se sont succédé depuis 2009 : Patrick Simon, Luca Appino, Anis Bouchlaka et enfin Youssef Miled! C'est du «no comment» pour ceux qui comprennent un peu le tennis. N'est-ce pas monsieur le président de la FTT?!! C'est du non-sens et des choix subjectifs qui expliquent ce cirque à la DTN! Des clubs sur une autre planète Franchement, la FTT n'assume pas toute la responsabilité de la chute vertigineuse de l'élite, des résultats et de l'encadrement des jeunes révélations. Les clubs y sont pour beaucoup. Allez voir comment fonctionnent les clubs, comment les entraîneurs sont étouffés par les parents des joueurs et comment on planifie le travail. Nous reviendrons sur ce dossier avec plus de détails. CAN : O. Jabeur sauve la face Cette CAN a été sauvée par la médaille d'or de Ons Jabeur qui a tenu bon face à ses concurrentes. Voilà une compétition où on a reculé un peu au niveau des médailles du simple. On attend nettement mieux. On ne peut pas tout évoquer dans ce papier. Des athlètes comme Nour Abbès, Sonia Daggou, Skander Mansouri, Mehdi Abid, Ameur Belhassan, Aziza Berriri... méritent nos encouragements. On attend de les voir plus en 2013, mais qu'ils soient mieux encadrés et plus respectés! Notre tennis a besoin d'une refonte et d'un électrochoc pour revenir à la voie de la raison!