L'Onfp lance, en partenariat avec des organismes de la société civile, un nouveau projet de prévention de la violence et d'accompagnement des femmes victimes dans trois gouvernorats Près d'une femme sur deux en Tunisie a subi au moins un acte de violence au cours de sa vie, selon une enquête nationale réalisée par l'Office national de la famille et de la population (Onfp), publiée en 2011. Dans le Nord-Ouest, le taux de prévalence, qui est de 47,7%, est proche de la moyenne nationale (47,6%). Cependant, les moyens de lutte contre la violence et de prise en charge des victimes ne sont pas égaux. Selon Karima Brini, présidente de l'Association femme et citoyenneté (Kef), il n'y a pas assez de structures d'écoute et d'accueil gratuites pour les femmes victimes de violence au Nord-Ouest. En outre, les services publics chargés de la prise en charge des victimes manquent de coordination entre eux. De plus, les victimes ignorent souvent leurs droits et les recours juridiques possibles en matière de lutte contre la violence. Bon nombre d'entre elles «acceptent» la violence. "Très souvent, ces femmes dépendent financièrement de leur agresseur et n'ont d'autre choix que de vivre avec la violence. Elles manquent de moyens pour faire face aux coûts des procédures médicales et judiciaires, ou renoncent à agir face à la pression sociale et familiale", explique la présidente. Sensibilisation et accompagnement Le nouveau projet, intitulé "Prévention de la violence fondée sur le genre et accompagnement des femmes victimes de violence dans le Nord-Ouest", a été mis en place pour pallier ces problèmes. "Il n'y a pas plus de violence dans les régions intérieures que dans la capitale, la violence est partout. Mais on veut renforcer les mécanismes de lutte contre ce phénomène dans ces régions", affirme le Pr Majed Zemni, P.-d.g. de l'Onfp. L'Onfp, l'Association femme et citoyenneté, la Fondation Cideal de coopération et de recherche et l'Association de coopération Tunisies sont impliqués dans le projet. Financé par l'UE à hauteur de 550.000 €, le projet durera 36 mois et concernera les gouvernorats de Béja, de Jendouba et du Kef. Les axes d'intervention comprennent la sensibilisation aux droits des femmes et la violence fondée sur le genre, la mise en place d'une unité intégrée d'accueil et d'assistance juridique et psychologique au Kef, le renforcement des délégations régionales de l'Onfp du Kef, Jendouba et Béja, l'auto-habilitation et la réinsertion économique des victimes, et enfin le soutien au réseau de collaboration entre les acteurs publics et la société civile en faveur de la prise en charge des femmes victimes de violence. Parmi les actions réalisées dans le cadre du projet, la mise en place d'un numéro vert (80.101.400) fonctionnel depuis deux mois, destiné aux femmes victimes de violence, et l'ouverture du centre "Manara" d'écoute et d'orientation au Kef, inauguré au mois de février dernier.