Que le PDG parte, revendiquent les sit-inneurs Les journalistes et les employés de la Radio tunisienne poursuivent leur sit-in entamé le 20 mars, date symbolique marquée par l'indépendance de la Tunisie, où ils revendiquent la révocation du PDG de l'Etablissement, Mohamed Meddeb. Le syndicat de base de la Radio tunisienne fustige «l'attitude revancharde de ce PDG qui pratique la politique de la terre brûlée contre tous les journalistes et le personnel qui osent contrecarrer ses décisions ou se révolter contre la censure et son ingérence dans le travail journalistique. Sans compter les mauvaises conditions de travail, l'état des archives de la Radio, principalement la photothèque». Interrogée, Boutheïna Gouia, journaliste en sit-in, écartée par Mohamed Meddeb pour la simple raison que son émission «Radio nationale, votre voix que vous avez libérée» dérangeait certains partis de la Troïka, éclaire notre lanterne à propos de ce sit-in : «Ce PDG a montré dès son arrivée que ce qui prime à la Radio tunisienne ce n'est pas la compétence mais l'allégeance. Du coup, toutes les nouvelles nominations et sa décision d'écarter «des voix de la chaîne nationale», telles celles de Walid Tlili, Lilia Husseini, Karima Oueslati, Sofiène Ben Aïssa, Yousr Hazgui et moi-même, obéissent au critère de l'allégeance et au diable la compétence. L'important à ses yeux c'est que cet établissement public soit soumis aux partis d'Ennahdha et du CPR. Au revoir, donc, l'objectivité et la neutralité, car tous les journalistes et animateurs réputés pour leur professionnalisme ont été remplacés par des non-professionnels entre simples agents de la radio, instituteurs et autres amateurs, qui, en général, servent des parties proches de la Troïka, dont les LPR, et desservent ceux considérés comme leur adversaire, telle l'Ugtt». La goutte d'eau qui a fait déborder le vase Mais pourquoi actuellement ce sit-in alors que le PDG contesté est sur le point de partir, la Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle) ayant annoncé que le processus de sélection des nouveaux PDG des médias publics prendra fin au terme de la première semaine d'avril ? Interrogé, Walid Tlili, animateur confirmé depuis belle lurette, et l'une «des voix mise en sourdine» par Mohamed Meddeb, répond à cette question : «Ce mouvement de sit-in est le résultat d'un ras-le-bol général. Les journalistes et les employés de la Radio nationale n'en peuvent plus. La goutte qui a fait déborder le vase, c'est la mascarade d'octroi des notes professionnelles, pour le moins, ridicules et inconcevables tant elles sont si basses et si injustes. Bref, du jamais vu, genre 20 sur 100, ce qui freine la carrière de tout un chacun pendant au moins une dizaine d'années ou plus. Outre que le PDG a titularisé des employés qui ne le méritent pas aux dépens de ceux qui le méritent. D'où la colère et la tension qui prévalent, actuellement, à la Radio tunisienne. Car, Mohamed Meddeb s'est non seulement vengé de tous ceux qui se sont opposés à lui, mais il a également négligé les archives et le personnel de la phonotèque et dépensé des dizaines de milliers de dinars pour réaménager l'entrée du bâtiment de la Radio du côté de l'avenue de la Liberté alors qu'à l'intérieur, tout laisse à désirer, notamment les conditions de travail. Dommage que ce PDG ait dirigé une institution aussi prestigieuse que la Radio tunisienne qui compte six chaînes, entre la capitale et les régions, avec un esprit partisan et revenchard. C'est qu'en fait, en tant que simple technicien, il n'avait aucun projet porteur, judicieux et bénéfique pour l'établissement, qui aurait pu contribuer à son développement. Imaginez qu'en 2012 notre Radio était classée deuxième, actuellement, elle est non classée. Voyez donc le recul enregistré». Ce à quoi Boutheïna Gouia renchérit : «Quand Mohamed Meddeb nomme au poste de directeur central de la communication un instituteur venu du ministère de l'Education, dans le cadre de l'amnistie générale, sans compter les autres nominations déplacées et abusives, il est normal que la Radio tunisienne se retrouve en 16e position et qu'elle soit totalement décrédibilisée. Est-il normal que de nouvelles radios, nées hier, telles Cap-FM, MFM, Sabra-FM, devancent dans les sondages une radio aussi vieille et prestigieuse que la nôtre qui comprend 9 chaînes en tout. D'ailleurs, nos collègues des chaînes de Tataouine, Monastir et Gafsa vont rejoindre notre sit-in (Ndlr : aujourd'hui) tellement la situation dans l'établissement est détériorée et tendue». Qu'il parte ! Maintenant que Mohamed Meddeb, que nous avons cherché à joindre en vain, n'a plus rejoint son poste depuis deux jours, que demande exactement le personnel de la Radio tunisienne ? «C'est simple, réplique Boutheïna Gouia, qu'on mette en congé le PDG et qu'on nomme quelqu'un d'autre à sa place, un secrétaire général de la maison ou autre. Que les autorités commandent un audit afin d'évaluer les conditions de travail, le matériel, les archives, les nominations et la gestion financière ! Certes, Hichem Snoussi, membre de la Haica, a affirmé sur Shems FM que les nouvelles nominations à la tête des médias auront lieu vers la fin de la première semaine du mois d'avril, mais nous demandons le départ définitif de Mohamed Meddeb de la Radio tunisienne afin de l'empêcher de poursuivre sa politique de terre brûlée et de sévir encore davantage». Nous avons, enfin, de notre côté appris d'une source digne de foi que d'ici lundi prochain, il y aura du nouveau.