Ce métier est en voie de disparition. Ministère, Cnot, fédérations et clubs en sont responsables ! Saber Bouatai, ministre de la Jeunesse et des Sports, a été l'invité de l'émission sportive «Au Stade» sur la chaîne «Al Motawassit». Le nouveau ministre a parlé de sujets intéressants, et évoqué quelques réalités amères, telles que le pourcentage des budgets alloués aux fédérations sportives pour le développement et les activités techniques qui reste très bas par rapport aux budgets alloués au fonctionnement (paiement des salaires pour le staff administratif). Les fonds publics, qui émanent du contribuable, sont versés pour payer des administrateurs, des cadres, des agents, appelez-les comme vous voulez, au détriment en quelque sorte, des athlètes, des DTN et des entraîneurs. Mieux, dans certaines fédérations, les salaires payés aux techniciens, pas du tout compétents et débarqués par les bureaux fédéraux, dépassent toute logique. Au lieu de tourner avec le nombre optimal de conseillers techniques, nationaux et régionaux, sélectionneurs et administrateurs, on fait du «suremploi» : trop de fonctionnaires, trop de techniciens avec des budgets alloués par le ministère qui baissent de plus en plus. Faute de bonne programmation et à cause d'une politique d'embauche surréaliste (on a ramené des employés plus qu'on en a besoin les fédérations comme c'est le cas à la FTFootball où l'héritage des trois derniers bureaux se fait sentir), on se retrouve aujourd'hui avec d'énormes difficultés financières. Si les fédérations sont submergées (pas toutes) par des personnes au mauvais profils, elles manquent, cependant, du profil de dirigeant. C'est-à-dire de gestionnaire ayant une formation en gestion et en organisation, mais qui ont également une connexion avec le sport. Notre ami le ministre Saber Bouatai, nous sort une déclaration «hallucinante», les dirigeants-managers sont disponibles, ils attendent leur chance. Ils sont, d'après lui, au ministère du Sport ! Ce qu'on cherche depuis des années existe bel et bien au ministère du Sport. Alors qui sont-ils, Monsieur le ministre ? Où exercent-ils ? Pourquoi nous vivons ce malaise au sport si ces managers conçoivent ces politiques flous en sport ? Otages d'un système ! Saber Bouatai a le droit de regarder les choses en rose et de défendre ses fonctionnaires. Mais la réalité est tout autre. Nous héritons d'un système de sport mal conçu avec des déséquilibres et irrégularités partout, du ministère aux clubs. On a un bon potentiel technique au niveau des entraîneurs et des athlètes, mais on souffre vraiment d'un manque terrible de dirigeants compétents et formés. Avec aussi un cadre législatif caduque et vicieux qui bloque tout le monde. Où sont ces dirigeants formés à qui on offre la chance d'apporter leur savoir? Où sont les structures de contrôle au sein du ministère du Sport qui évaluent la gestion de chaque fédération sans s'y interférer? Que fait-on pour arrêter ces déficits budgétaires spécifiques clubs et aux fédérations? Qu'a-t-on fait pour revoir le dossier de l'infrastructure sportive et pour mettre fin aux détournements de fonds ou négligences dans la construction et l'entretien des installations sportives? A-t-on eu le courage d'ouvrir les portes devant une nouvelle génération de dirigeants au ministère, fédérations et aux clubs, et tourner la page des personnes, retraitées, mais qui dirigent encore? Il faudra réhabiliter le métier de dirigeant et créer enfin un cadre sportif clair et souple. Assez de ces procédures ministérielles bureaucratiques qui détruisent toute envie de changement, assez aussi de ces cadres collés à leurs bureaux et qui ne savent rien de ce qui se passent dans les clubs. Les grands dirigeants font les grandes performances, les grands entraîneurs et les grands athlètes. Ce qui nous manque encore à notre sport, c'est le courage de changer et de suivre l'expérience des nations ayant réussi. A l'étranger, le contrôle des fonds publics est beaucoup plus strict. Les experts en management du sport sont ceux qui décident, qui suivent. Le tout dans une atmosphère de transparence, de collaboration et loin de toute manipulation politique. M. Bouatai a intérêt à casser ce tabou et à commencer par son institution et amorcer un déclic de changement.