Les championnats de football vont reprendre leurs droits vu que les conditions de sécurité sont réunies. Quant aux fédérations sportives, le changement est inévitable pourvu que les procédures soient respectées Toute de la Tunisie fait de l'apprentissage en démocratie. Tous les domaines sont donc concernés y compris le sport. M. Mohamed Aloulou, ministre de la Jeunesse et des Sports, ne fait pas l' exception, bien entendu; son point de presse, le premier depuis son intronisation, n'a pas été une fameuse réussite. Trop long, message pas très clair, mais surtout une certaine incapacité à tracer les objectifs clairs et les actions recommandées pour purifier les port tunisien de tous les dépassements du passé. Mais on ne peut tout demander au nouveau ministre qui a du mal même à s'installer au ministère. Alors que la conférence vient juste de commencer, un groupe de contestataires (boules et pétanque) scandait l'hymne tunisien et demandait la dissolution du bureau fédéral. C'est une scène qui traduit un fait saillant auquel la tutelle fait face. Et c'est le point central du point de presse, quel sera le futur des instituions sportives, fédérations en premier lieu? Vont-elles être dissoutes vu qu'elles étaient élues dans un système dirigé par les "forces occultes"? Comme l'a dit M.Aloulou ? Ou est-ce qu'elles vont continuer à exercer jusqu'à présentation des preuves de leur incapacité et de leurs agissements illégaux ? Franchement, on n'a pas très bien saisi le message du ministre parce qu'il a formulé deux alternatives contradictoires: -D'une part, il dit qu'il est "contre toute forme d'incrimination fondée sur la suspicion envers les dirigeants sportifs. Le fait d'appartenir au RCD n'est pas un motif pour mettre en doute leur honnêteté. En plus, il faut se fier à la loi et aux procédures existantes pour réclamer un changement. C'est le principe que la révolution tunisienne a mis en valeur. Je rappelle que les textes actuelles ne sont pas si catastrophiques, et qu'il y a un cadre juridique respectable qui ne peut être effacé si facilement. Le ministère est là pour intervenir dans la limite des règlements actuels. " On comprend de ce passage que le ministère ne veut pas s'aligner sur toutes les contestations qui touchent tous les sports en ce moment. -D'autre part, M.Aloulou laisse les portes ouvertes à ce que les clubs réclament la désinvestiture des fédérations sportives qui ont violé la loi et qui ont été au service de l'ancien régime. La phrase-clef à ce propos est la suivante: " Le ministère va intervenir s'il le faut pour mettre fin à l'illégalité dans les institutions sportives dans le cadre de la loi. Mais j'aimerais bien que les responsables des bureaux fédéraux démissionnent pour accompagner le nouvel élan de transparence en Tunisie. Nous ne pouvons pas obliger les bureaux fédéraux à rendre le tablier, mais nous n'allons pas rester les bras croisés face aux dirigeants qui vont empêcher le changement. Nous avons une responsailité historique envers les jeunes et les sportifs. " M. Aloulou fait allusion à la démission de Fethi Hachicha et de membres de la fédération d'athlétisme. D'après nos sources, la tutelle ne veut imposer aucun changement, mais va appuyer toute réclamation des clubs affiliés dans ce sens. Si les deux tiers des clubs électeurs demandent une assemblée générale extraordinaire, le ministère va garantir la suite conformément à la loi. Chasser la peur Le ministère de l'Intérieur a donné le feu vert pour la tenue des événements sportifs à partir de la semaine prochaine. Ça veut dire que les championnats (y compris le football si l'équipe de Tunisie n'atteint pas la finale du Chan), vont reprendre le chemin des stades et des salles sportives. "Il faudra chasser la peur et reprendre une vie normale malgré tous les risques existants. On peut même dire que le retour des compétitions sportives va permettre de retrouver quiétude et paix sociale ", a dit le ministre. On peut aussi évoquer la désignation, au sein de la tutelle, d'un responsable du commissariat d'inspection qui devra contrôler l'authenticité des comptes. Le sport tunisien est dans une phase sensible, une transition douloureuse où les athlètes ne connaissent plus à qui ils ont affaire. L'état précaire des clubs, le statut illégal de plusieurs dirigeants, la diminution des revenus, les engagements lourds à court terme, l'urgence des échéances internationales, les règlements de comptes à tous les niveaux, sont des thèmes sur lesquels on devra se pencher pour éviter le déraillement du système déjà biaisé. Le point de presse d'hier a donné un point de départ à un débat que l'on attend toujours. Mais en même temps, que ceux qui ont fait du sport leur tremplin politique et social, ou leur moyen d'enrichissement au vu et au su de tous, que ceux qui ont détourné le sport de ses vraies racines pour servir leurs propres intérêts ou l'intérêt de leurs mentors, aient le courage de claquer la porte. Cela nous épargnera une énorme perte de temps ! Rafik EL HERGUEM