Cela faisait longtemps que Foued Zaouche s'était fait absent de nos cimaises, et que pour des raisons indépendantes de sa volonté, il n'avait pu respecter le rendez-vous régulier qu'il offrait à son public. Aussi, est-ce avec d'autant plus de plaisir que nous le retrouvons, en un autre lieu cette fois-ci, puisque, reprenant la tradition des grands peintres classiques, Foued Zaouche reçoit désormais dans son atelier. Installé sur les hauteurs de Gammarth, dominant un somptueux paysage, il ouvre son atelier au public, en créant une galerie privée et mitoyenne de l'atelier proprement dit, et accrochant ses toiles au fur et à mesure .Ce sera donc une galerie vivante, en perpétuel mouvement, où l'amateur éclairé sera toujours confronté à la nouveauté. En fait de nouveautés, elles sont multiples cette année. A commencer par l'invitation-catalogue qui présente tous les tableaux en un superbe kaleidoscope. Ensuite, par le choix, par l'artiste, d'un agent qui prendrait en charge la promotion de son œuvre, et l'organisation de ses expositions. Cela, cependant, reste une histoire de famille, car cet agent dont on a pu tester la redoutable efficacité, n'est autre qu'Olfa Zaouche, sa fille. Enfin par la décision d'étendre sur toute l'année la rencontre avec son public puisque «L'Atelier du Dedans» comme il a joliment nommé son espace est accueillant sur rendez-vous de façon continue. Nouveautés dans la continuité au niveau de l'œuvre elle-même, avec une constante dans la quête, et un approfondissement dans la recherche. «Dans la vie d'un peintre, ou plus simplement dans celle d'un homme, il y a des périodes qui constituent des moments forts de son existence. Ces trois dernières années durant lesquelles je n'ai pas exposé représentent des années que je peux qualifier comme des années sur le fil du rasoir tant il m'a semblé cotoyer l'essentiel de la vie. Cette certitude s'est traduite dans ma peinture en pénétrant plus profondément dans ses arcanes et en y découvrant avec intensité de nouvelles voies à explorer», confie, avec pudeur, celui qui est l'un de ceux qui ont toujours fait preuve de retenue et de discrétion. Et nous qui savons ce qu'est cet «essentiel» auquel il a été confronté, nous savons aussi que sa peinture a été pour lui porteuse d'espoir. On retrouve donc avec un bonheur infini le chroniqueur de cette Tunisie de lettrés, de savoir-vivre, d'épicurisme tranquille, d'intérieurs raffinés, et d'élégance sereine. Foued Zaouche nous raconte inlassablement notre histoire, celle d'une civilisation de grande tradition dont on ne se souvient pas toujours, celle d'un lourd héritage que l'on occulte trop souvent. Au service de cette quête de la mémoire, mais aussi d'un modus vivendi, il a mis une technique maîtrisée, sous-tendue par un perpétuel désir d'aller plus loin, plus profond, plus abouti. «Je crois de plus en plus, et plus encore si cela est possible, à la peinture classique, c'est-à-dire à la primauté du dessin, à la primauté de la matière, à la primauté de l'esthétique…» C'est donc d'un pinceau totalement maîtrisé que Foued Zaouche déroule sa fresque, reprenant à son compte les us et méthodes des maîtres anciens, peignant comme plus personne ne le fait, avec des superpositions de couches de peintures, des glacis, des transparences, des délicatesses oubliées. La bonne nouvelle, c'est qu'on peut voir ses toiles quand on veut, «L'Atelier du Dedans*» étant ouvert au dehors. ------------------------------------------------------------------------ * L'Atelier du dedans - 9 Rue Kahena.Gammarth.La Marsa - 26720679