En Tunisie, le nombre des femmes atteintes d'un cancer s'élève à 9000 dont 30 % souffrent du cancer du sein, et 7% du cancer du col de l'utérus. Le tissu associatif s'enrichit par la création d'une nouvelle ONG, baptisée Organisation tunisienne de lutte contre les cancers du sein et du col utérin. Cette association à but non lucratif a été fondée le 12 février 2014 par un groupe de sages-femmes et de médecins spécialisées en gynécologie obstétrique et en carcinologie. Des Tunisiennes bénévoles qui ont choisi de se mobiliser afin de lutter efficacement contre la prolifération de deux fléaux menaçant la santé publique, en général, et celle féminine, en particulier, à savoir les cancers du sein et du col utérin. Le comité directeur de l'Organisation a tenu, hier à La Manouba, une conférence visant à informer le public sur ce nouveau-né associatif et sur son programme pour l'année. Mme Soufia Jellali, à la fois présidente de l'Organisation, sages-femmes de supervision et secrétaire général du Conseil de l'ordre des sages-femmes de Tunisie évoque, d'emblée, l'ampleur que prennent les cancers du sein et du col utérin dans notre société. En effet, le cancer du sein est défini comme étant la première cause de mortalité chez la femme. Il est suivi, en termes de gravité, par le cancer du col de l'utérus. Le nombre des Tunisiennes atteintes d'un cancer s'élève à 9000 dont 30% souffrent d'un cancer du sein et 7% du cancer du col de l'utérus. Malgré sa gravité, le cancer du sein est curable. Les recherches montrent que 98% des cas de cancer du sein, dépistés précocement, sont curables à 100%. «C'est dans le but de sensibiliser la gent féminine sur l'importance du dépistage précoce et en vue de contribuer de notre côté aux actions de lutte contre ces fléaux que nous avons décidé de la création de l'Organisation. Nous comptons ainsi inscrire notre démarche dans le cadre du Programme national de lutte contre le cancer via le dépistage précoce. Nous plaidons, également, la cause des femmes démunies et atteintes du cancer pour leur garantir l'accès aux soins et aux traitements appropriés. Nous sommes convaincus, poursuit Mme Jellali, qu'une formation continue et accrue au profit des sages-femmes et des médecins généralistes ne serait que bénéfique pour la population cible». Et d'ajouter que l'organisation est ouverte aux éventuels partenariats et collaborations aussi bien avec les institutions publiques concernées, avec les ONG qu'avec le secteur sanitaire privé. L'oratrice profite de la présence des représentants du secteur de la santé publique pour suggérer la création d'une Caisse nationale en faveur des malades du cancer. Prenant la parole, le Dr. Ridha Bouhali, directeur régional de la santé publique à La Manouba indique que la prolifération des cancers du sein et du col utérin revient, essentiellement, à une communication insuffisante et au manque de connaissance des femmes tunisiennes quant à ces maladies. Il cite à titre d'exemple les progrès qu'ont enregistré les USA à cet effet. Les USA recommandent aux femmes des frottis systématiques pour dépister le cancer ; un simple examen qui a fini par quasi radier ces deux cancers. Le Dr. Bouhali insiste, lors de son allocution sur le rôle de la société civile, dans la sensibilisation de la population. Le Dr. Molka Chemli, vice-présidente de l'Organisation et chirurgien carcinologue à l'hôpital Salah-Azaiez, présente à l'assistance le programme d'activité pour l'année. Un programme riche qui tourne autour d'un pivot capital : lutter, c'est agir. Il comprend, de ce fait, des caravanes de dépistage précoce dans les régions, des sessions de formation destinées aux sages-femmes et aux médecins de premier ordre ainsi que des journées scientifiques portant sur les deux cancers précités. S'agissant des campagnes de dépistage, les caravanes seront destinées en premier lieu aux gouvernorats de Jendouba et de Zaghouan, pour toucher, par la suite, toutes les régions sans exception. Le gouvernorat de Jendouba, qui compte 50% de la population du Nord-Ouest, connaît des cas de cancer notables. Selon une étude, élaborée à l'hôpital régional de la région, l'on constate que sur 420 consultations féminines, 93 patientes sont atteintes d'un cancer. «L'âge moyen des femmes atteintes d'un cancer du sein est de 50,3 ans. La taille tumorale moyenne est de 3,59 centimètres ce qui est inquiétant», souligne l'oratrice. Pour sensibiliser les femmes sur les deux cancers et leur apprendre les abc des gestes de dépistage, notamment l'autopalpation, l'Organisation tiendra, le 19 avril, une caravane de dépistage précoce à l'hôpital régional de Jendouba. Notons que les femmes de cette région bénéficieront de trois autres caravanes de dépistage, soit le 31 mai à Boussalem, le 30 août à Aïn Drahem et le 7 septembre à Ghar Dimaou. L'équipe de bénévoles se dirigera par la suite à Zaghouan où elle organisera, le 20 septembre 2014, une première caravane de dépistage à l'hôpital régional, une deuxième le 22 novembre au profit des habitants de Jebel el Ouest et Bir Mchergua et une troisième caravane prévue pour le 6 décembre à el Fahs et à Nadhour. «Nous organiserons une autre caravane de dépistage le 21 juin, en faveur de 150 à 200 ouvrières œuvrant dans une usine, située dans la zone industrielle nord», renchérit le Dr. Chemli. Parallèlement, une journée scientifique se tiendra à Tunis le 17 mai prochain dans l'optique de sensibiliser le public sur l'importance du dépistage. Par ailleurs, le mois d'octobre sera entièrement consacré à des journées éducatives destinées au jeune public, notamment dans les lycées.