Le palais Ennejma Ezzahra a accueilli, les 11 et 12 avril, les travaux du colloque intitulé «Perspectives du cinéma et de l'audiovisuel dans un monde arabe en devenir». Cet événement était organisé sous l'égide du ministère de l'Enseignement supérieur, avec la participation de la Fondation de Carthage culture et science et de l'Ecole supérieure de l'audiovisuel et du cinéma de Gammarth (Esac). La matinée de la deuxième journée a porté sur «Le cinéma et l'audiovisuel : perspectives et enjeux des structures». Ce volet du colloque a vu la participation de Adnen Khedher, directeur général du Cnci, sur «les enjeux des stratégies nationales du cinéma et de l'audiovisuel sous l'égide du Cnci», de Hassen Zargouni, directeur de Sigma conseil, qui est intervenu sur le «financement du marché de la production audiovisuelle et du cinéma» et de Riadh Ferjani, universitaire et membre de la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (Haïca), qui a analysé les enjeux économiques et politiques de l'audiovisuel. En revenant sur des exemples de régulation de l'audiovisuel dans le monde, comme aux Etats-Unis d'Amérique et en France, Riadh Ferjani a expliqué que le rôle du régulateur est de défendre les libertés publiques, la liberté d'expression et la liberté d'entreprendre. Nous lui avons demandé quelques éclaircissements : Vous évoquez dans votre intervention une notion intéressante : le «principe de l'ingratitude». De quoi s'agit-il ? En Tunisie, il y avait deux choix : soit les différents acteurs du secteur de l'audiovisuel proposaient les noms des membres de l'instance de régulation, soit c'est l'assemblée qui les désignait. La prochaine instance de régulation de l'audiovisuel en Tunisie va s'appeler «l'Autorité de la communication audiovisuelle», (ACA). Ses neuf membres seront désignés par l'Assemblée du peuple. Nous estimons qu'il y a un risque pour son indépendance. Les membres de l'ACA doivent être redevables aux Tunisiens et non aux pouvoirs politiques. Le principe de l'ingratitude (envers ceux qui vous ont nommés), ou devoir d'ingratitude, permet justement de garantir l'indépendance de cette instance. Vous avez également parlé de «précarité» des instances de régulation de par le monde. Comment éviter cela en Tunisie ? L'indépendance reste la meilleure garantie pour inscrire l'action des instances de régulation dans la durée. Il faut être à la bonne distance de tous les pouvoirs, économiques et politiques. Il ne faut pas que l'instance de régulation soit une simple boîte d'enregistrement, ou qu'elle soit sous le diktat d'un intérêt politique ou économique. La mission du régulateur est de veiller à l'intérêt commun. Cela ne veut pas dire qu'il est contre l'intérêt particulier, mais c'est une synthèse entre les exigences de la loi et le droit du citoyen. Quel rôle peut tenir la Haïca dans l'équilibre économique du secteur de l'audiovisuel ? Il y a des textes réglementaires que nous sommes tenus de faire respecter, y compris dans leur aspect économique. En plus du respect des règles de la loi, l'un des facteurs de viabilité du secteur de l'audiovisuel est la transparence. C'est, d'ailleurs, là notre rayon d'action.