La 20e édition du Marché international du tourisme (MIT) s'est tenue du 23 au 26 avril. Cette année, le salon a été placé sous le thème «Tourisme durable, tourisme responsable». Le secteur du tourisme qui fait vivre directement et indirectement «au moins deux millions et demi» de personnes cherche à diversifier son offre. «Après plus de cinquante ans de tourisme en Tunisie, il faut penser à la pérennité du secteur, sa durabilité. Pour qu'il soit durable il faut préserver l'existant, respecter l'environnement physique et humain, préserver l'acquis par sa consolidation, à travers sa mise à niveau, son adaptation à l'évolution des nouvelles technologies», explique Afif Kchouk, organisateur du salon. Rached Boumaïza est DG d'une agence de voyages «incentive» (tourisme d'affaires et de loisirs). Il n'organise pas d'activités de tourisme «durable» ou «responsable». Selon lui, c'est toujours le tourisme balnéaire qui est le plus demandé. «Pour la clientèle étrangère, la Tunisie représente avant tout une destination soleil. La thalassothérapie, le désert etc. ne sont pas suffisamment connus. Mais cela commence à changer depuis le début des années 2000». Certaines agences commencent à sortir des sentiers battus et à creuser de nouvelles niches. «En Tunisie il y a plus de 800 agences de voyages. C'est difficile de grignoter ses parts de marché», confie Anas Abouda, responsable commercial. En plus des produits «classiques», son agence propose des activités physiques en pleine nature telles que la randonnée et le trekking. «Certaines zones sont devenues accessibles après la révolution, comme les îles Zembra et Zembretta. Les Tunisiens aiment découvrir ce genre d'endroits insolites». L'agence de Anas développe actuellement des activités écotouristiques, et compte travailler davantage avec les maisons d'hôtes. Tourisme à échelle humaine Il existe actuellement près de 150 maisons d'hôtes en Tunisie, aussi bien sur les côtes que dans les régions intérieures. Un groupe de sept propriétaires s'est constitué dès 2009 pour promouvoir ce tourisme alternatif, en participant aux salons étrangers, et en contribuant à la rédaction du cahier des charges relatif aux maisons d'hôtes. «Dans ce type de tourisme, il y a plus de respect pour la population et l'environnement. Les clients contribuent également à maintenir le patrimoine car, souvent, les propriétaires investissent dans des maisons à caractère ou dans des fermes, coûteuses en entretien», assure Isabelle Planchon, propriétaire de la maison d'hôtes Dar Bibine à Djerba. «Le tourisme alternatif a des retombées économiques directes sur les populations locales, il est très différent du tourisme de masse où les touristes restent dans leurs hôtels». En 2011, les professionnels de ce nouveau secteur ont créé l'association Edhiafa. Elle rassemble exclusivement des promoteurs d'hébergements alternatifs (maisons d'hôtes, gîtes, campements, hôtels de charme). Aujourd'hui, les priorités d'Edhiafa, selon Isabelle, qui est aussi membre de cette association, sont de fédérer tous les promoteurs, élaborer une charte qui répond aux objectifs du développement durable et de régulariser les maisons d'hôtes et les gîtes. Une initiative originale observée au salon MIT cette année, est le stand du Kef, le seul qui a représenté toute une région et rassemblé des acteurs publics et organisations de la société civile. Trois maisons d'hôtes, Dar Alyssa, Dar Boumakhlouf et Dar Sidi Abdallah, l'association Les amis du Kef, et le gouvernorat du Kef, se sont en effet associés pour promouvoir la région et faire connaître les différentes activités d'animation touristique, telles que les circuits découverte. Une manifestation culturelle et festive, intitulée «le Kef chante la Tunisie», sera organisée du 9 au 11 mai. «C'est une fête berbère qu'on appelle Aid Mayou pour fêter l'arrivée du printemps», explique Maher Dkhili, du Gouvernorat du Kef. «Il y aura de la musique, des visites guidées, des dégustations... Ce sera une belle fête, venez nous voir!»