Les œuvres de Tahar Aouida ne manquent ni d'originalité ni d'imagination, encore moins de subtilité. Son exposition Follow ‘Art à la galerie Sémia Achour à La Soukra en est une illustration. Originaire de Zarzis, Tahar Aouida a abandonné, depuis plusieurs années, l'enseignement pour se consacrer à ses deux plus grandes passions: la peinture et la plongée sous-marine. Depuis, il expose ses œuvres ici et à l'étranger et ne cesse de susciter l'admiration des amateurs d'art plastique et même des spécialistes de l'art, notamment en France. Toute sa recherche plastique tourne autour de ses sujets de prédilection: la femme, la mer, la nature... Cependant, il les appréhende d'une manière assez originale, apportant sa vision personnelle, sa propre philosophie et ses émotions. Près d'une quinzaine de toiles ont été abritées depuis samedi dernier à la galerie Sémia Achour, témoignant de son talent et de sa grande passion pour l'art. Elégance, particularités et richesse sont les principaux traits qui caractérisent ces toiles, puisant dans notre mémoire collective et dans notre patrimoine tunisien pour en transmettre ce qu'il y a de plus intéressant et de plus captivant. En effet, le bien-être ressenti face aux œuvres nous fait comprendre pourquoi ce passionné d'art s'est adonné, avec la maturité de son esprit et la sagesse de ses rêves, au plaisir de repeindre et de reproduire la richesse de notre pays, ainsi que la beauté de tout le paysage tunisien et méditerranéen. Il a su trouver son inspiration entre ciel et terre. Sur la ligne d'horizon propice aux rêves et même au silence, il nous conduit dans une atmosphère maritime où fleurissent des constructions éphémères. Il nous fait plonger avec lui au fond de l'océan où poissons multicolores et créatures mystérieuses font partie du décor et baignent dans la douceur exquise des bleus, des turquoises et des verts et réveillent les émotions de celui qui les contemple. La démarche créative de Tahar Aouida est également une démarche écologique : elle montre la beauté de la nature et dénonce la laideur de la pollution qui hante chaque coin du pays. En effet, l'artiste aborde des thèmes inspirés des éléments relevant autant du naturel et du vivant, c'est-à-dire du manifeste, que du symbolique. Entre huile sur toile, reliefs et collage sur la surface en bois de vieilles portes traditionnelles, la Femme trône, impériale... La beauté de l'œuvre est renouvelée dans chaque toile par un trait sûr et distingué. Une beauté — pas toujours évidente avant «l'intervention» de l'artiste — est reconstruite puis révélée. La couleur est apaisante, délicate et riche, et le graphisme est là, autant pour cerner les lieux et les tracer que pour nous emmener dans cet univers dense et sensible, où peinture et construction se mêlent intimement. Une énergie se dégage des formes et des couleurs, illuminant les tableaux et soutenant les propos, tout en menant celui qui regarde là où le peintre désire le conduire. Ce dernier peint avec passion les lieux, tout en traduisant la pureté des émotions qu'ils suscitent. En contemplant ses œuvres, nous sommes envahis par la lumière, les parfums, les couleurs... et emportés par un sentiment de nostalgie et d'admiration. Une exposition qu'on regarde avec plaisir et qu'on n'est pas près d'oublier. L'exposition est visible jusqu'au 9 mai.