Depuis le 14 janvier 2011, la liberté de la presse en Tunisie est devenue, de l'avis de plusieurs observateurs, l'acquis le plus cher aux journalistes et à toute l'opinion publique en besoin d'une information crédible qui soit une véritable caisse de résonance de leurs soucis et attentes. Partageant avec les hommes du métier la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse (le 3 mai de chaque année), des artistes peintres tunisiens se sont réunis pour organiser une exposition collective, dont le vernissage a eu lieu hier en fin d'après-midi à la Galerie de l'information à Tunis, en présence d'une pléiade de plasticiens et de journalistes. Organisée par les soins de l'Union des artistes plasticiens tunisiens (UAPT), à l'initiative du Centre de Documentation Nationale (CDN), l'exposition réunit près de 36 oeuvres. Couleurs du drapeau tunisien, la création de l'artiste peintre Mohamed Hédi Ayed, intitulée « Cri » (Sarkha), a été réalisée en 2011, au lendemain de la chute de l'ancien régime. Elle est le reflet photographié à partir du portrait d'une jeune manifestante criant le slogan de l'année «Dégage», devenu le symbole de toutes les révoltes dans les pays arabes et l'emblème des revendications populaires. «Cette liberté qui nous est chère à tous ne doit aucunement être confisquée», lance l'artiste du mouvement de «la photographie plastique», comme il le qualifie, et inspiré du grand peintre américain Andy Warhol, appartenant au mouvement artistique de «Pop Art». Le regard artistique au féminin est aussi visible à travers l'œuvre de la plasticienne Naïma Ben Maïz, intitulée «Mouvements» (Harakiya), où elle se met dans la peau du journaliste. Mais elle, elle peint des oiseaux, pour parler de la liberté, tout en jouant avec les dessins de papiers de journaux et des plumes, sur un fond qui rappelle la couleur rustique. «Tout comme ces oiseaux qui se libèrent de leurs bracelets pour s'envoler, les journalistes, avec leurs plumes, brisent les blocus pour se libérer», déclare Ben Maïz, pour résumer son oeuvre. Exposant son tableau nommé «Les enfants de la Reine-mère» (Abnaa assoultana), l'artiste Naceur Louati affirme qu'il porte en lui la douleur et le malheur de tous les journalistes du monde et décrit son œuvre comme un conte sur la lutte des chevaliers de la plume depuis l'Indépendance jusqu'à nos jours. Ce tableau se veut «une dédicace aux journalistes pour leur fête», lance le plasticien. Des œuvres de grands artistes tunisiens, tels que Abdelmajid El Bekri, Ali Zenaïdi, Baker Ben Fredj ainsi que le sculpteur Béchir Zribi sont exposées au public du 3 au 8 mai pour attirer l'attention, par la création artistique, sur la réalité, les embûches et les horizons du secteur de l'information qui, de leurs avis, se cherche encore dans une Tunisie en plein mouvement social, politique et institutionnel.