Les tableaux s'approprient l'espace, s'affichent sur les murs... A l'heure où le centre-ville de Tunis grouille de gens, de mouvements et de sons divers, Lydie Paollilo nous entraîne, tout naturellement, dans son monde apaisé où les couleurs les plus audacieuses se rejoignent dans un tourbillon fusionnel et un moment d'extase créatrice jamais assouvi. Lydie Paollilo est une plasticienne française et tunisienne de naissance. Son premier coup de cœur pour le couple toile-pinceau remonte à sa tendre enfance. Comme un coup de foudre pour l'une des rares façons de projeter ses émotions les plus profondes et les plus indicibles dans une vision merveilleuse qui ne demande pas vraiment à être analysée mais à être simplement admirée, ressentie, vécue. Dans son appartement au style colonial, notre artiste vit d'amour pour la peinture et peint l'amour de vivre; un cercle vertueux pour une artiste avide de couleurs, de fleurs et de mer. Trois thèmes de prédilection qui se retrouvent dans des paysages familiers qu'elle revisite d'une manière tout à fait nouvelle et attachante. Sa production est considérable. Rien que dans son appartement, les tableaux s'approprient l'espace, s'affichent sur les murs, prennent place un peu partout sur des mini-tabourets, tandis que d'autres sommeillent, recouverts de draps, dans une pièce, au fond du couloir. L'univers marin est tout d'abord ce qui saute aux yeux. Un univers paisible, sans grandes vagues, ni tempêtes... Rien qui puisse dissuader la patience du pêcheur au chapeau de paille qui s'adonne tranquillement à sa passion... Rien qui puisse altérer cet instant précieux, cette sérénité créatrice de l'artiste. En revanche, c'est la palette dominante qui, secrètement, donne son tempérament à la peinture et qui trahit le vague à l'âme du peintre. Entre une marine et une autre, l'introduction du jaune, ou encore du gris, en dit long sur l'humeur, à un moment donné, de la créatrice... Nature marine et florale : un brin de sérénité Le premier amour de Lydie est incontestablement la mer. Mais au fil des années, l'artiste semble s'intéresser de plus en plus au thème floral. Elle le restitue, inlassablement, et toujours avec autant de passion, en de magnifiques bouquets de fleurs sur fond bleu nuit qui semblent faire jaillir la lumière de l'intérieur. Tel ce bouquet de fleurs jaune canari qui défie un fond bleu marin pour exploser en un feu d'artifice monochrome. Pour Lydie, traduire la lumière constitue une source d'inspiration vivifiante, mais aussi un défi perpétuellement fixé et infailliblement relevé. Entre nature morte — ou plutôt gorgée de vie — et univers marin, l'artiste peint, avec constance, des paysages qu'elle aime. Elle s'étonne d'ailleurs, tout récemment, d'avoir peint trois paysages, d'un coup, dont deux restituent le village de Sidi Bou Saïd de manière candide. Un Sidi Bou délesté de blanc mais ébloui, en revanche, par un soleil triomphant. Une toile étincelante, comme si les paysages étaient éclaboussés d'or. Notre artiste semble apaisée par ses nouvelles créations qu'elle n'a toujours pas nommées. Gageons qu'elle ne tardera pas à reprendre le pinceau, comme par réflexe vital, et à entamer d'autres aventures esthétiques dont la nature s'avèrera indéniablement le centre de la scène.