La présentation du projet «CA-2020» a été l'occasion de dévoiler les fissures autour du club Jeudi dernier, Lotfi Zahi convoquait un parterre de Clubistes pour présenter un projet baptisé «CA-2020» qu'il avait cogité et conçu depuis belle lurette en compagnie de Mehdi Gharbi, Kamel Kolsi, Slim Memmi, Jalel Senoussi... Un plan de redressement visant la restructuration et la reconstruction sur le long terme, soit jusqu'à l'horizon 2020, le genre de cap symbolique. Ce genre de réflexion, venant d'un dirigeant au long cours qui avait longtemps œuvré au sein de la section basket et rédigé un important recueil sur l'histoire et les origines du club de Bab Jedid, peut-il gêner quelqu'un? Ou plutôt n'est-ce pas là ce qui manque le plus au club «rouge et blanc», comme du reste à la quasi-totalité des clubs du pays? Pourquoi y verrait-on anguille sous roche ou un moyen dérobé de mener sa propre campagne élective? Les absents ont toujours tort L'absence des membres du bureau directeur peut-elle se justifier par un retard accusé au niveau de ces invitations par le bureau d'ordre de l'administration clubiste? Celle des grandes figures, anciens présidents et mécènes (Hamadi Bousbiaâ, Hamouda Ben Ammar, Kamel Idir...), est plus intrigante encore quand on pense qu'ils sont censés être sensibles à un tel travail de réflexion. Les absents ont indiscutablement tort, sauf à croire que tout ce beau monde ne prend pas suffisamment au sérieux une telle œuvre de réflexion sur la durée, ou n'y croit plus vraiment. Une thérapie douloureuse Si elle a profondément soulagé les caisses du club, résorbant pratiquement le lourd déficit accusé sur la durée de bureaux successifs, l'arrivée de Slim Riahi a échoué à rétablir la fameuse union sacrée, qui fait défaut depuis des lustres, déjà. L'esprit de clan fait toujours fureur, comme en témoignent les secousses régulières et soubresauts qui secouent l'édifice «rouge et blanc». Comme quoi l'argent ne calme pas tous les abcès ouverts par des décennies d'alliances, de mésalliances, de petites combines et de gros putschs. La thérapie est longue et douloureuse. Il reste à savoir si, dans sa position actuelle, le CA revu et corrigé par Slim Riahi a le temps et la patience pour installer une pédagogie de l'union et du consensus. Un grand chantier est depuis la nuit des temps ouvert : il s'appelle ressusciter l'esprit du club, rétablir ses valeurs, œuvrer dans le sens d'un projet commun. Le retard accusé par le club de Bab Jedid à tous les niveaux, ou presque (structures, sources de financement, infrastructure, encadrement technique, performance sportive. etc,) ne peut plus perdurer et sa solution remise d'être aux calendes grecques. Le fossé tend à se creuser, et il faut saisir cette chance —et ce n'est pas vraiment l'argent qui manque actuellement— pour tenter d'investir sur la durée et de rattraper ce retard. Confusion des rôles La confusion des rôles ajoute un peu au désarroi qui sévit du côté de Bab Jedid. On mêle sport et politique quand on déplace le débat sur le terrain du sens à donner à la présence à cette réunion, convoquée par Lotfi Zahi, du leader du Front populaire, Hamma Hammami, venu en qualité d'ancien athlète du CA et de sympathisant «rouge et blanc». On plonge de la sorte le CA dans de stériles tiraillements politiques qui ne riment à rien, et de surcroît aggravés par la position de M. Riahi sur l'échiquier politique. Bien entendu, le club de Bab Jedid n'a que faire de ce genre de luttes d'arrière-plan à l'heure où l'on tente d'initier un projet technique novateur. Retour aux sources Ce ne sont pas vraiment les noms qui comptent dans la mise en place d'un projet sportif pour l'équipe première de football qui reste la vitrine du club. Le plus important, c'est la pertinence du projet, la patience et les idées investies, la cohérence de la démarche. Il y a comme un retour aux sources, aux valeurs de la formation, une mise en valeur des enfants du cru. Tout cela parallèlement au clinquant des recrutements effectués à tour de bras, avec bourse déliée. Ceci ne contredit pas cela, mais un minimum de rigueur et de cohérence doit être observé.