Objectif : lutter contre la dégradation des terres, la salinité du sol et l'érosion «La terre est notre avenir, préservons-la des changements climatiques», tel est le thème, cette année, de la Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse que la Tunisie célèbre à l'instar du reste des pays du monde. Selon une étude sur la désertification en Tunisie, réalisée en 2008, 53% des terres dans le pays sont vulnérables, 40% sont de moyenne vulnérabilité et seulement 7% des terres sont équilibrées, et ce, en raison des conditions climatiques, de l'intervention humaine, de l'état de la couverture végétale et de la qualité du sol et de l'eau. Dans une déclaration à l'agence TAP, le chargé du bureau de lutte contre la désertification au secrétariat d'Etat au Développement durable, Abdelhakim Aouissaoui, a indiqué que «ces données nécessitent une mise à jour et que toute évaluation du niveau de désertification, de la biodiversité et des écosystèmes exige la mobilisation de fonds colossaux qui dépassent parfois la capacité de l'Etat». Le responsable a confirmé, par ailleurs, que les pâturages se sont relativement dégradés, notamment, ceux où l'activité humaine est dense, non étudiée et non conformes aux standards de durabilité (eau, sol...). Le secrétariat d'Etat au Développement durable (SEDD) a précisé, dans un communiqué rendu public lundi, qu'un surcroît d'efforts est nécessaire pour lutter contre le phénomène des changements climatiques et de la désertification. «Il faut mobiliser davantage de potentialités pour réduire l'impact de ces phénomènes qui persistent en dépit des programmes mis en place pour la lutte contre la désertification (boisement, plantations, lutte contre l'avancée du sable et l'érosion marine, préservation des eaux et sols)», préconise le SEDD. D'après Abdelhakim Issaoui, outre la mobilisation des moyens de l'Etat, il faut également l'adhésion de la société civile, du secteur privé et des exploitants des ressources naturelles, qui sont appelés à rationaliser et à optimiser leurs pratiques. Il a fait savoir que le projet d'action nationale pour la lutte contre la désertification sera mis à jour cette année après le lancement d'une consultation auprès des différents intervenants. D'après lui, des plans sectoriels sont conçus pour garantir un meilleur traitement des différents écosystèmes naturels, en l'occurrence le projet du développement durable des oasis, lesquels souffrent de plusieurs difficultés, notamment la rareté des ressources en eau, la dégradation de la biodiversité et d'autres effets résultant des changements climatiques. Ce projet, financé par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), vise à mettre en place une stratégie permettant de lutter contre la dégradation des terres, la salinité du sol, la déforestation, l'érosion et la détérioration de la fertilité du sol. Les zones d'intervention du projet, dont les travaux démarreront fin 2014, sont les oasis de Zarat (gouvernorat de Gabès), Nouayl (gouvernorat de Kébili), El Guettar (gouvernorat de Gafsa), Chbika, Tamerza, et Midès (gouvernorat de Tozeur). En effet, le phénomène de la désertification et de la dégradation des terres en Tunisie touche essentiellement, d'après le secrétariat d'Etat au Développement durable, les catégories sociales pauvres vivant en milieu rural, soit 1,5 million de personnes. Dans le monde, les études prospectives ont révélé que la détérioration des terres, la sécheresse, le mauvais climat ainsi que la pauvreté sont à l'origine de l'instabilité dans de nombreuses régions du monde, sans oublier la recrudescence des phénomènes de l'émigration et de l'exode rural. Les études et données sur ce sujet prévoient aussi qu'à l'horizon 2020, près de 60 millions de personnes vont émigrer de l'Afrique subsaharienne vers l'Afrique du Nord et l'Europe. C'est-à-dire que les problèmes de désertification et de dégradation du sol ne se limitent pas aux territoires qu'ils touchent directement, mais ils peuvent aussi muter et leurs impacts seront ressentis par les pays développés.