A la faveur du projet du barrage supérieur de Oued Mellègue, qui sera érigé dans le gouvernorat du Kef, le risque d'inondations sera diminué, alors que l'utilisation de grandes quantités d'eau sera améliorée. Le barrage de Oued Mellègue situé à l'Ouest du pays constitue l'un des premiers barrages réalisés par l'Etat pour drainer l'eau, en essayant d'en exploiter une partie pour l'irrigation des terres agricoles. Or, pendant les grandes averses, ce barrage devient un risque pour les riverains à cause des crues qui prennent au dépourvu les habitants et les agriculteurs dont les terres se trouvent submergées par l'eau. Les plantations sont alors endommagées sérieusement. Par manque d'entretien et de réhabilitation — et l'effet de la vétusté aidant —, cet ouvrage a connu une dégradation importante et n'est plus en mesure de jouer pleinement son rôle. Il continue, cependant, à drainer l'eau d'un point à un autre sans assurer la protection requise des terres avoisinantes. On a même enregistré — surtout pendant la saison estivale — des cas de décès dans le barrage de personnes qui ont voulu se rafraîchir en se baignant dans ses eaux. Des bêtes sont aussi victimes des eaux drainées par le courant à grande vitesse. D'où les dispositions prises par les autorités compétentes en vue de protéger ce barrage, en le consolidant et en améliorant sa maintenance pour qu'il puisse continuer à jouer son rôle dans le domaine agricole sans pour autant constituer une menace pour les habitations à proximité. A la faveur d'un nouveau projet programmé, les ressources en eaux du barrage pourraient être valorisées davantage pour stimuler l'activité socioéconomique dans les régions du Nord-Ouest qui sont riches en terres fertiles adaptées à plusieurs cultures comme les céréales, les arbres fruitiers, les produits maraîchers... Un drainage mieux ordonné Le crédit de 174 millions de dinars tunisiens dont le protocole d'accord a été signé par la Tunisie et le Fonds arabe de développement économique et social (Fades) — en marge des travaux de la réunion annuelle de la Banque islamique de développement qui a démarré le 24 juin 2014 — va permettre de réaliser le barrage supérieur de Oued Mellègue dans le gouvernorat du Kef. Ainsi, l'ouvrage va permettre un drainage mieux ordonné de l'eau de la Medjerda qui s'étend jusqu'aux frontières algériennes. L'objectif consiste également à protéger les terres et les bâtiments qui se trouvent aux alentours du barrage, situés en contrebas. Le risque des inondations, en cas de crues, sera réduit sensiblement et la possibilité de stockage de l'eau en grandes quantités est garantie. Le coût total de ce projet est de l'ordre de 211 MDT dont 174 MDT provenant du Fades sous forme de crédit remboursable sur une période de 22 ans dont 6 années de grâce et un taux d'intérêt de 3%. L'ouvrage en question devrait jouir régulièrement d'une maintenance de la part des autorités compétentes pour assurer sa pérennité et lui permettre de répondre aux exigences des agriculteurs de la région avec le rendement requis. A noter que le ministère de l'Agriculture avait entamé, il y a quelques années, un programme d'interconnexion des barrages — qui exige des investissements lourds — en vue de diminuer la pression hydrique sur ceux qui sont les plus approvisionnés en eau et améliorer le niveau de ceux qui ne bénéficient pas de grandes quantités d'eaux pluviales. La régulation des barrages par l'interconnexion est une opportunité pour fournir l'eau aux régions qui sont les moins favorisées par la pluviométrie, notamment dans le Centre et le Sud. L'utilisation des eaux du barrage de Mellègue est en mesure d'irriguer de nouvelles terres agricoles tout en améliorant les conditions de vie des habitants et des agriculteurs. De bonne qualité, cette eau constitue une source appréciable pour stimuler les activités économiques non seulement dans le secteur de l'agriculture mais aussi dans ceux de l'élevage, de l'industrie agroalimentaire et de la protection des ressources forestières. Des plans de développement dans les différents secteurs devraient être définis par les autorités régionales — dont les commissariats régionaux au développement agricole — en vue de tirer le meilleur profit de cette manne céleste qui ne doit pas être perdue dans la mer. D'autant plus que la demande de la consommation de l'eau connaît une augmentation vertigineuse pendant la saison estivale. Par ailleurs, il est nécessaire de respecter les plans d'aménagement du territoire en évitant de construire trop près du barrage ou d'y aménager des terres agricoles. L'idéal est de prévoir une distance suffisante entre l'espace à exploiter et le barrage pour éviter les effets néfastes des inondations ou l'infiltration d'eau en cas de crues. Certes, le barrage supérieur va résoudre une partie du problème, mais la vigilance doit être toujours de mise aussi bien par les habitants que par les agriculteurs.