« Diego est plus grand que Pelé ». Le chant entonné par les nombreux supporteurs argentins risque de résonner de plus belle dans les rues de Sao Paulo et de Rio. Mercredi, malgré un Lionel Messi très discret et une demi-finale ennuyeuse (0-0, 4 tab à 2), l'Albiceleste s'est qualifiée aux dépens des Pays-Bas pour la finale de la compétition organisée chez leur rival brésilien. Alors que la Seleçao a connu face aux Allemands un nouveau drame footballistique mardi, 64 ans après le premier traumatisme d'une défaite en finale face à l'Uruguay lors de son premier Mondial, l'Argentine a, elle, l'occasion de s'offrir une troisième étoile de championne du monde (1978 et 1986). Et même si les faveurs des pronostics penchent naturellement pour l'Allemagne, impressionnante en demi-finale (7-1), les Argentins ont derrière eux l'histoire de la Coupe du monde. En quatre éditions sud-américaines, en sept éditions au total sur le continent américain (deux au Mexique et une aux Etats-Unis), jamais une sélection européenne ne s'est imposée. Une troisième étoile argentine? Si cette statistique se confirme, les supporteurs auriverde se préparent des lendemains difficiles tant leurs homologues argentins excellent dans l'art de la provocation. Ainsi, Flavio, 42 ans, architecte à Belo Horizonte (Minas Gerais), annonce la couleur : « Je vais soutenir l'Allemagne. Si les Argentins l'emportent, cela sera le pire jour de ma vie ». Les Argentins ne sont pas en haute estime dans le coeur du Minero : « Ils sont chauvins et prétendent toujours être les meilleurs au football alors qu'ils n'ont gagné que deux Mondiaux ». Originaire de Sao Paulo, Renata Santos ne pouvait croire en la victoire des rivaux face aux Néerlandais. « Les Pays-Bas ont montré un meilleur football. La plupart des Brésiliens soutenaient les Néerlandais ce soir. On espérait tous jouer face à l'Argentine pour la troisième place...», regrette la Paulista. La presse n'est pas en reste. « Le cauchemar continue ! L'Argentine bat la Hollande aux penalties et va en finale », titre l'édition en ligne du quotidien populaire de Rio O'Dia. « Après la douleur brésilienne, la joie des rivaux, poursuit O Dia. L'Argentine est en finale de la Coupe du monde et peut être sacrée au Maracana! (...). En plus de ne pas pouvoir rêver d'un sixième titre, les Brésiliens vont devoir vivre avec la possibilité réelle du sacre d'un de ses principaux rivaux dans le temple ultime du football. Le cauchemar augmente ». Le site du quotidien sportif Lance estime lui aussi que « le cauchemar allemand vécu par des millions de Brésiliens [..] pourrait passer au second plan demain dimanche. Car l'Argentine est en finale de la Coupe du monde sur le sol brésilien ». Très caustique depuis le début de la compétition, l'idole Diego Maradona n'attend qu'un succès de ses successeurs dimanche à 21 heures au Maracana de Rio pour continuer à chambrer ses meilleurs ennemis. Le plaisir ressenti surpasserait certainement la crainte de voir Lionel Messi le remplacer dans les cœurs argentins.