La Tunisie a été classée 78e en matière d'innovation sur un total de 143 pays par le rapport de l'Indice mondial 2014 de l'innovation publié récemment par l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, l'Institut européen d'administration des affaires et l'Université de Cornell. Plusieurs projets innovants ont été réalisés au cours de ces dernières années par des compétences tunisiennes qui ont pour souci d'améliorer la valeur ajoutée de notre industrie, de notre agriculture et de nos services pour relancer la commercialisation de différents produits sur le marché international. Cependant, certains projets sont restés au stade du prototype car ils n'ont pas trouvé preneur auprès des industriels qui se contentent de la technologie dont ils disposent et qui est souvent importée. D'autres ont fait des promesses aux innovateurs qu'ils n'ont pas tenues pour diverses raisons dont celle qui concerne le manque de liquidités. L'exploitation des brevets d'innovation étant stagnante, plusieurs innovateurs ont été découragés et ont choisi de faire des travaux parallèles. Toutefois, plusieurs innovateurs collaborent avec des partenaires étrangers en vue de tirer le meilleur profit des technologies de pointe appartenant à de célèbres centres de recherche occidentaux. Cette coopération est judicieuse et salutaire, puisqu'elle permet d'introduire des techniques performantes dans notre économie afin d'améliorer sa rentabilité et sa valeur ajoutée. S'inspirer de certaines techniques de pointe pour les adapter au contexte tunisien est, en somme, une action bénéfique. D'autres innovateurs comptent sur leurs connaissances et sur leur expérience pour mettre au point une innovation pertinente. En fait, une innovation signifie par définition l'amélioration d'un objet, d'un matériel ou d'une machine déjà exploités. Prouesses reconnues au niveau mondial Du chemin reste, néanmoins, à parcourir pour atteindre le niveau mondial en matière d'innovation. L'objectif étant de se situer au niveau des grandes innovations mondiales qui ont fait leurs preuves. Atteindre cet objectif n'est pas une utopie, d'autant plus que les innovateurs tunisiens sont armés de compétence, de patience et de dévouement. Il suffit qu'une compétence tunisienne travaille dans une firme de renom en Occident pour prouver ses prouesses reconnues au niveau mondial. Des difficultés et des handicaps sur le plan national —comme le retard ou la non-exploitation des brevets — n'incitent pas les innovateurs à aller de l'avant et à continuer leur aventure dans le domaine de l'innovation. Pourtant, des moyens matériels et humains ont été mobilisés dans les différentes structures chargées de l'innovation — comme les centres de recherche, les universités, les instituts technologiques — en vue d'encourager les compétences tunisiennes à progresser. Des avantages financiers au niveau des investissements industriels ont même été prévus pour les innovations technologiques prioritaires. En tout cas, la Tunisie a été classée 78e en matière d'innovation sur un total de 143 pays par le rapport de l'Indice mondial 2014 de l'innovation (The Global Innovation Index- GII), publié récemment par l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi), l'Institut européen d'administration des affaires (Insead) et l'Université de Cornell. C'est un classement au-dessous de la moyenne internationale, ce qui veut dire qu'un long chemin reste encore à parcourir pour atteindre un niveau plus avancé, comparable à celui des pays qui ont une bonne réputation dans ce domaine délicat et très recherché. Les entreprises ne peuvent devenir plus compétitives qu'en améliorant la valeur ajoutée de leurs produits. D'où l'importance de l'innovation qui doit être placée parmi les priorités des industriels notamment qui cherchent à se positionner durablement sur le marché mondial. Toutes les entreprises concurrentes ont recours à des technologies de pointe pour les introduire dans la fabrication de leurs produits qui sont conformes aux normes de qualité, de sécurité et de santé en vigueur. Les méthodes de fabrication archaïques n'ont plus droit de cité dans un monde en mutation permanente. Renforcer la coopération avec nos partenaires Par rapport à 2013, la Tunisie, qui a eu un score de 32,9 sur 100 (sur une échelle allant de 0 pour les moins bonnes performances à 100 pour les meilleures), a reculé de 7 places. Un tel résultat mérite une profonde réflexion pour savoir d'une façon précise quelles sont les raisons qui ont été à l'origine de ce recul et de les traiter dans les meilleurs délais. Certes, toutes les structures publiques et privées ont connu des perturbations au cours de la période qui a suivi la révolution, mais cela n'explique pas la situation précaire — qui date déjà de plusieurs années — dans laquelle se débat le secteur de l'innovation et qui est d'ordre structurel. Rappelons qu'au top du classement du GII 2014, la Suisse, le Royaume-Uni et la Suède occupent la part du lion. Ces pays ont des traditions avérées dans le domaine de l'innovation et disposent des technologies de pointe dans plusieurs domaines industriels. Leurs gouvernements respectifs ont compris depuis longtemps que l'économie ne peut progresser et conquérir des marchés durablement sans des innovations qui tiennent compte des besoins et des exigences des consommateurs. La Tunisie peut suivre l'exemple de ces pays en renforçant davantage la coopération entre les universités, instituts technologiques et centres de recherche avec ces partenaires européens afin d'assurer le transfert technologique. Des expériences réussies dans le domaine de la coopération technologique ont été menées par le passé et se poursuivent encore aujourd'hui. Le classement en question définit le score de l'indice de l'innovation d'une façon objective, puisque ce score est calculé sur la base de 81 indicateurs, dont deux sous-indicateurs, le premier appelé «innovation input» ou intrant de l'innovation relatif aux institutions, ressources humaines, recherche, infrastructure, et le second est nommé «innovation output» ou indice de sortie de l'innovation qui concerne les connaissances et les technologies, la créativité... La Tunisie est classée avant les autres pays du Maghreb comme le Maroc qui occupe la 84e place et l'Algérie qui s'est contentée de la 133e place. C'est dire que les pays maghrébins n'ont pas encore engagé une vraie stratégie nationale d'innovation sur le moyen et long terme pour produire propre, protéger l'environnement, comprimer les coûts et exporter plus. L'indice mondial 2014 de l'innovation ne se limite pas aux indicateurs habituellement utilisés pour mesurer le degré de recherche et de développement de l'innovation. L'interaction entre les divers agents du système de l'innovation — les entreprises, le secteur public, l'enseignement supérieur et les sociétés — occupe désormais une bonne place, compte tenu de ses effets directs sur les technologies de pointe.