Sous l'effet de la surprise et sur fond de mécontentement et de frustration suite à la désignation jugée parachutée de Mohamed Ramzi Khamis tête de liste à Zaghouan, la coordination régionale de Nida Tounès menace d'une démission collective du parti... «Si Nida Tounès ne revient pas sur sa décision surprise en faveur de Mohamed Ramzi Khamis, désigné tête de liste à Zaghouan, nous allons nous retirer du parti définitivement... », menace M. Taïeb El Ir, coordinateur régional du parti, soutenu dans sa position par quatre coordinations locales, à savoir celle d'El Fahs, d'Ennadhour, de Saouaf et de Zriba. Cette déclaration, prononcée sur un air de regret et de désespoir, lors d'une conférence de presse tenue mardi à Tunis, est venue suite aux vaines tentatives de communication et de dialogue avec les leaders du parti qui font silence radio. Entre-temps, la patience de ces militants nidaistes a atteint son paroxysme. Ces derniers ne croyaient guère que le parti auquel ils ont adhéré depuis sa naissance pouvait se comporter d'une manière si provocante et méprisante. Décision jugée irréfléchie et unilatérale Mais le constat est là, les mettant tous devant le fait accompli. Le Mouvement Nida Tounès a déjà choisi ses 27 têtes de listes candidates aux prochaines législatives dont la figure polémique Mohamed Ramzi Khamis, personne jugée « sans profil politique ni niveau académique ». « D'autant plus qu'il s'agit d'une personne parachutée qui n'est même pas affiliée au parti, mais on la voit aujourd'hui tête de liste imposée à Zaghouan, bien avant M. Taieb El Ir, qui est coordinateur régional», s'indignent-ils, demandant au parti de revoir sa décision. «Ils estiment que ce nouveau désigné à la dernière minute, sans aucun préavis, est le résultat de manœuvres orchestrées en coulisses, aux dépens de la volonté de la majorité des militants de base nidaistes dans la région. Et M. El Ir de confier que cette personne est connue pour son opportunisme, ayant migré maintes fois dans les dédales des partis à la recherche désespérément d'offres alléchantes. « Ce qu'il sollicitait auparavant de plusieurs partis d'obédiences différentes, il semble finalement l'avoir trouvé auprès de Nida Tounès», avoue-t-il. Bien que M. El Ir soit la personnalité consensuelle de toutes les coordinations locales du parti et le grand favori des candidats têtes de liste dans la circonscription électorale de Zaghouan, les tractations de la dernière heure ont tranché pour un autre choix, loin de faire le consensus. En réagissant à cette décision «irréfléchie» qui ne vise, a-t-il lancé, qu'à ressusciter les vieilles pratiques exclusives longtemps imposées à Zaghouan du temps de Bourguiba et de Ben Ali, afin de renvoyer les espérances de sa population aux calendes grecques, la coordination régionale de Nida Tounès, avec ses quatre structures locales précitées, affiche son mécontentement, laissant entendre parler d'une démission collective dudit parti, au cas où ce dernier ne reviendrait pas sur ses choix. « Plus jamais cette hégémonie politique qui ne tient pas compte de l'apport de la région et de ses cadres et qui fait éternellement la sourde oreille, comme à l'époque révolue, aux préoccupations, aux propositions des militants de la base», ont-ils dénoncé. Malheureusement, enchaînent-ils, la majorité des partis politiques, dont en premier lieu Nida Tounès, continuent à ignorer que la base a un rôle crucial à jouer dans la vie des partis, plus particulièrement lors des rendez-vous électoraux. Les militants de base de Nida Tounès à Zaghouan élèvent la voix et crient fort leur désapprobation de la liste des candidats au Palais du Bardo qui vient de leur être imposée par la direction centrale. «Nous sommes là aujourd'hui, faisant recours aux médias, pour faire entendre notre voix, après que toutes nos tentatives de comprendre les raisons derrière ce choix ont été vouées à l'échec...», précise Rim Ben Aïch, coordinatrice du parti à El Fahs. Maintenant que les canaux de dialogue sont fermés et la direction centrale nous fait la sourdre oreille, rétorque M. El Ir, la démission serait ainsi la bienvenue. Le porte-parole du parti répond Du côté du parti, une autre version des faits. Son porte-parole, M. Lazhar Akremi, a démenti ce que vient de révéler M. Taieb El Ir, présumé avoir un penchant pour un siège au Palais du Bardo. Ce n'est donc, d'après M. Akremi, que des allégations infondées dictées par des intérêts personnels étroits. Qu'il (Taieb El Ir) aille faire ce qu'il veut, a-t-il encore ajouté, car, en ces temps de compétitions électorales, l'intérêt du parti doit l'emporter sur toute autre considération. L'actuelle tête de liste à Zaghouan, Mohamed Ramzi Khamis, n'est pas étranger au parti, comme il le croit, mais plutôt adhérent indépendant à Nida Tounès. Contrairement à ce qu'a avancé M. El Ir, l'homme, animé d'une grande volonté de réforme, suscite le consensus des habitants de la région.. », défend le porte-parole. Et le parti, assure-t-il, a toute la latitude juridique d'opter pour un candidat indépendant, tout comme Ali Ben Salem, désigné tête de liste à Bizerte. Le choix de M. Khamis n'a pas ainsi dérogé à la règle.