«Djerbahood» est la nouvelle attraction de l'île, des touristes et des médias. Il se passe quelque chose à Djerba. Le village Erriadh se transforme, depuis le mois de juillet, en un musée de street-art à ciel ouvert. Derrière ce projet, appelé «Djerbahood», le galeriste tunisien Mehdi Ben Cheikh. Son espace de Street-art à Paris, «Itinerrance», a déjà mis en place la fameuse exposition collective de graffiti au sein d'un immeuble parisien destiné à la démolition, devenu quelque temps la «Tour Paris 13 ». Après ce projet dont on a parlé aux quatre coins du monde, Mehdi Ben Cheikh s'est penché sur un nouveau concept. «Je voulais trouver le moyen d'attirer l'attention du monde sur la Tunisie», nous explique-t-il. Son objectif est de faire parler le plus de médias possible dans le monde de son pays et de Djerbahood. Avant cela, ce sont les murs d'Erriadh qui ont porté toute l'éloquence du projet. Le principe est simple et génial: dans ce village aux ruelles et aux maisons authentiques, une centaine de street-artists de 30 nationalités se relayent, en juillet et août, pour déposer leurs œuvres sur les lieux. Chacun ramène sont art et sa culture, avec pour seule consigne : respecter la nature du lieu et les traditions locales. Une variation de graffitis est aujourd'hui à admirer partout à Erriadh. «Au début, les habitants ne comprenaient pas trop ce qu'on faisait mais, peu à peu, ils ont adopté le projet», ajoute Mehdi Ben Cheikh. L'artiste nous raconte avec fierté comment les bus de touristes affluent, les Djerbiens aussi, et se prennent en photo devant les graffiti. Les commerces locaux marchent mieux... Et puis, comme le dit le street-artist portugais Pontonio dans le teaser du projet, ce regard extérieur a permis aux habitants d'Erriadh de prendre conscience de la beauté de leur village. Des liens se créent entre artistes et villageois. Des jeunes observent les artistes à l'œuvre et donnent leurs avis. L'un des graffeurs a peint les vélos des enfants. L'ambiance du déroulement du projet est répercutée sur les réseaux sociaux et, à partir du 5 septembre, elle le sera sur la chaîne Arte, avec une web-série de 10 épisodes. Pour Mehdi Ben Cheikh, Djerbahood est le musée idéal du street-art. «Il y a une vraie scénographie, une idée globale et des parcours. En même temps, ça reste dans le mouvement street-art, c'est dans la rue, ouvert et gratuit», décrit-il. Dans l'évolution du projet, des lumières seront installées autour des graffiti. Les tentacules de Djerbahood s'étendront au marché et aux abattoirs de l'île. Fin août, tous les artistes seront passés par Erriadh. Aux alentours du 21 septembre, l'équipe prévoit un événement d'inauguration et le musée à ciel ouvert sera entre les mains des associations locales pour le valoriser à leur manière. «Nous avons installé le décor et c'est à eux de prendre le relais», affirme Mehdi Ben Cheikh. Lui, il sera de retour à la galerie Itinerrance pour d'autres projets, et aimerait que le concept Djerbahood soit relayé en Tunisie.