Au Centre national d'arts vivants, un atelier de musée a rassemblé des artistes, des agitateurs culturels et des institutions de différents pays. Alors que le Tunisien Mehdi Ben Cheikh —fondateur de la galerie Itinérrance— transforme un immeuble parisien destiné à la démolition en un musée éphémère de Street art, la Tunisie n'est pas en reste, grâce à l'atelier du musée qui vient d'être organisé au Centre national d'arts vivants de Tunis. Pour ce projet de réflexion sur la vocation artistique de la ville, le Centre est entré en partenariat avec le Ministère fédéral des affaires européennes et internationales, l'ambassade d'Autriche en Tunisie, le ministère de la Culture et la Museumsakademie Universalmuseum Joanneum. L'espace urbain est, depuis la création des arts de rues et même avant, de plus en plus considéré comme un musée à ciel ouvert que les citoyens, aux côtés des artistes, contribuent à enrichir et à faire évoluer. En Tunisie, nombreux sont les locaux que les jeunes artistes rêvent de transformer en ateliers ou espaces d'expositions. Ce ne sont pas les vieilles bâtisses abandonnées et les usines désaffectées qui manquent, mais ce sont la législation et la volonté politique qui font défaut. Un art pour les habitants Le sujet mérite réflexion et c'est sur quoi les invités de l'atelier, coordonnés par la Tunisienne Sana Tamzini et l'Autrichienne Bettina Habsburg-Lothringen, se sont penchés. Ils sont venus de ces deux pays mais aussi d'Algérie, d'Egypte, du Liban, du Maroc, de Palestine et de Syrie pour échanger sur le thème de l'atelier et jeter les bases d'une exposition commune. Ils présentent leur activité comme «un voyage de plusieurs jours à travers Tunis dans le but d'établir une documentation de son histoire, de son présent et d'un possible avenir à l'aide d'interviews, de photos, de vidéos, et d'objets divers. Les résultats des ateliers seront rendus accessibles au public à travers une exposition à la fin de l'atelier». Une visite de la Médina a d'ailleurs été programmée pour les invités au début de l'atelier, pour connaître cet espace si riche et si particulier, puisque la Médina de Tunis fait partie des premières villes arabo-musulmanes du Maghreb (698 après J.-C.), qu'elle contient 700 monuments historiques et qu'elle a connu plusieurs vies, jusqu'à aujourd'hui où, justement, un projet d'art dans la ville y a pris place depuis quelques années. Il s'agit de Dream city qui a été l'exemple par excellence pour le projet Outreach. Des organisateurs et des artistes de la manifestation ont échangé avec les invités leurs expériences d'un art pour et avec les habitants. Le tout dans le but de mettre en valeur l'art citoyen dans la ville, l'espace qui est souvent derrière sa création. Dans un musée nommé la ville, l'art est partout, il suffit d'ouvrir les yeux et d'activer son imagination.