ISTANBUL (Reuters) — Le chef de l'état-major turc, le général Ilker Basbug, a estimé hier que la présence de rebelles kurdes dans le nord de l'Irak pourrait à terme mettre à mal les relations entre Ankara, Bagdad et indirectement Washington. Depuis début juin, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a multiplié les actions violentes contre l'armée dans le sud-est de la Turquie, mettant fin à un cessez-le-feu de 14 mois. Retranchés dans le nord de l'Irak, les rebelles se servent de repaires installés dans cette région pour lancer des attaques contre les autorités turques. L'armée turque, qui a perdu 80 de ses hommes depuis le début de l'année, mène régulièrement des raids aériens contre ces positions, situées dans des zones montagneuses. Evoquant cette situation, le général Basbug a prévenu que si aucune action n'était mise en oeuvre contre la présence des activistes du PKK en Irak, les relations entre la Turquie, l'Irak et les Etats-Unis pourraient être mises à mal. "Le temps passe et le temps est venu que les responsables — les populations, les institutions, les Etats et les formations du nord de l'Irak — fassent ce qu'il faut", a dit le chef de l'état-major turc, cité par la chaîne de télévision Star TV. A de nombreuses reprises, la Turquie a demandé un plus grand soutien de la part de l'Irak et des Etats-Unis dans son combat contre les activistes du PKK, considéré par Ankara, Washington et l'Union européenne comme une organisation terroriste. "La présence du PKK dans le nord de l'Irak va avoir un impact négatif sur les relations turco-irakiennes dans la période à venir. Et dans un sens, cela aura également une incidence négative sur les relations entre la Turquie et les Etats-Unis", a expliqué le général Basbug. Sur le même sujet, le chef d'état-major a estimé que le PKK comptait dans ses rangs près de 4.000 combattants, dans le sud-est de la Turquie et dans le nord de l'Irak, soit moins que les chiffres avancés ces dernières années (10.000 activistes au plus, 6.000 en moyenne). Dans la nuit de lundi à mardi, dix rebelles séparatistes kurdes et trois soldats turcs ont été tués lors de l'attaque d'un avant-poste militaire dans le sud-est du pays, ont rapporté les services de sécurité. L'attaque conduite par des activistes du PKK s'est produite dans le district de Semdinli, dans la province d'Hakkari, proche de la frontière irakienne. Trois soldats ont également été blessés au cours de ces affrontements et des renforts militaires ont été dépêchés sur place par hélicoptère. Depuis 1984, date à laquelle l'insurrection séparatiste a été lancée par le PKK, plus de 40.000 personnes, principalement des Kurdes, ont trouvé la mort dans ce conflit.