La Tunisie a eu besoin de deux balles arrêtées pour concrétiser sa domination. Et les occasions sur jeu construit ? Un petit bijou de coup-franc direct inscrit par le maître d'œuvre Wahbi Khazri à un quart d'heure de la fin, et un penalty indiscutable transformé par le spécialiste Yassine Chikhaoui à la dernière minute ont permis avant-hier, à Monastir, au onze national de traduire son net ascendant sur le terrain devant des Botswanais plutôt limités. Certes, les balles arrêtées ont de plus en plus d'importance dans le football d'aujourd'hui. Elles servent d'alternative devant des défenses renforcées, cadenassées et offrant peu d'espaces. Mais il ne faudrait pas pour autant que les phases statiques soient le seul horizon tactique indépassable. La stratégie des Zèbres était pourtant claire et prévisible: défense massive et agressive avec pas moins de sept ou huit joueurs en deux blocs, et contres menés rapidement par quatre ou cinq joueurs, ce qui suppose une faculté de reconversion du jeu rapide par le biais de Mogorosi le buteur, Tshrieletso et Ogopotse, notamment. Le sélectionneur George Leekens et son staff misaient sur le jeu par les ailes où Wahbi Khazri et Youssef Msakni devaient écarter le jeu afin d'étirer le bloc adverse replié autour du portier Dembe. Malheureusement, de ce côté-là, les carences furent nombreuses, le milieu de terrain de Lekhwya ayant tendance à se recentrer trop fréquemment. Si l'équipe de Tunisie se montra à ce point inefficace dans les phases construites, il faut en chercher les raisons d'abord dans la lenteur des décalages, des transmissions et de l'élimination de l'adversaire. Elle tomba dans la facilité en cherchant l'exhibition, le spectacle aux dépens de l'efficacité, notamment Chikhaoui et Msakni qui eurent beaucoup de déchets, surtout durant le premier half. De plus, les latéraux n'eurent pas leur contribution espérée dans cette recherche à contourner par les flancs une défense renforcée. On assista rarement à de véritables dédoublements, Mathlouthi et Maâloul se tenant loin de l'action offensive lorsqu'il fallait solliciter leur contribution. Le Clubiste sfaxien a été moins saignant qu'au sein de son club, alors que le Cabiste ne se signala pratiquement que par ses longues touches à l'anglaise. La nouvelle formule offensive où Hamza Younès se tient en pivot d'attaque, court énormément, joue dos au but et sert de point de fixation n'a pas été très heureuse malgré toute la disponibilité et l'énergie de l'avant-centre du club bulgare de Ludogorets. Mercredi au Caire, il lui faudra jouer une autre partition, puisqu'il doit s'attendre à ne pas voir autant de balles lui arriver. Les espaces seront par contre plus importants et les possibilités du jeu de contres plus grandes. En attendant Harbaoui Samedi à Monastir, les dysfonctionnements et les paradoxes étaient tels que Ferjani Sassi, au lieu de se tenir en soutien à l'attaque, fit finalement la plupart du temps office de meneur de jeu, alors que Yassine Chikhaoui devait normalement assurer ce rôle. Face à un ensemble aussi naif et peu expérimenté, les joueurs tunisiens sont tombés dans le piège du hors-jeu dans des proportions intrigantes. Au bout du compte, l'arrière central Bilel Mohsni s'est révélé le plus dangereux en attaque, avec deux frappes de la tête repoussées par la transversale (12' et 54'), et un tir toujours de la tête qui passa légèrement au-dessus (52'). Il faut avouer que si la Tunisie manqua de chance avec trois tirs sur les poteaux (deux par Mohsni, un par Younès 33' servi par Msakni),seule cette dernière occasion vint suite à une action de jeu, et non sur une phase statique. On peut s'inquiéter pour une aussi flagrante inefficacité sur les occasions créées dans le jeu. Il y a des réglages à apporter alors que les Aigles s'envolent ce matin (11h00) pour le Caire où un sacré derby nord-africain les attend. Ils vont défier l'Egypte sans leur attaquant et meilleur buteur de l'histoire de la sélection, Issam Jemaâ, qui a préféré se mettre à la disposition de son club Assilya en championnat du Qatar. Réaction d'humeur pour avoir été écarté de l'effectif et resté hors des 18 ? Une page se referme, la Tunisie regarde devant. Avec un Hamdi Harbaoui, son efficacité offensive ne peut que s'améliorer. Le retour en sélection du meilleur buteur du dernier championnat de Belgique a été reporté à quelques semaines. Dans le long marathon des éliminatoires de la CAN, son réalisme ne sera pas de trop !