Une meilleure compréhension de l'intégration financière au sein du monde arabe Comment mobiliser les flux financiers vers et entre les pays arabes afin d'assurer la stabilité financière et une croissance économique durable ? Cette question a été posée lors d'une conférence conjointe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire arabe,organisée récemment. Dans un contexte économique mondial multipolaire et mouvant, le rapport de synthèse, qui a été publié par la Banque mondiale, s'est efforcé de traiter la question de l'intégration financière des pays arabes à travers 3 priorités : Primo, stimuler le débat sur la trajectoire que doivent suivre les économies arabes visant une meilleure utilisation de leurs vastes ressources financières. Secundo, développer leurs capacités pour assurer un suivi systématique des transactions financières transfrontalières. Tertio, examiner les grands enjeux liés au renforcement de l'intégration monétaire et financière et les principales options politiques permettant de répondre au mieux aux besoins et aux priorités de la région. Il faut dire que parmi les raisons qui plaident en faveur d'une meilleure intégration financière et monétaire des Etats arabes, figure en premier lieu le renforcement de l'intégration commerciale qui en découlerait. Il s'agit aussi d'un facteur de développement des institutions financières et des marchés, du renforcement de la concurrence et de l'amélioration de l'accès aux marchés. D'après ce rapport, le régionalisme financier permet également de mettre en place des mécanismes de protection à la fois contre les troubles financiers internationaux mais également face aux risques de chocs monétaires en provenance des pays industrialisés. D'ailleurs, la nécessité de renforcer les accords régionaux est rendue d'autant plus urgente que la communauté internationale s'efforce de redéfinir l'architecture financière mondiale dans le sillage de la dernière crise. Sur ces questions d'intégration, le monde arabe ne présente pas un profil homogène, et il existe notamment des différences considérables entre les pays exportateurs de pétrole du Conseil de coopération du Golfe (CCG), les pays en développement exportateurs de pétrole et les économies émergentes non exportatrices de pétrole. De plus, le développement du secteur financier reste balbutiant dans de nombreux pays arabes. Défis futurs et nouvelle approche L'importance que revêtent les flux financiers dans la région Moyen-orient et Afrique du Nord (Mena) ainsi que la transparence de leur gestion ont été aussi soulignées en traitant les défis que pose la promotion de l'intégration financière régionale. Dans ce cadre, une connaissance de l'expérience de l'Union européenne en matière d'intégration financière paraît judicieuse. Cette connaissance permet de mieux appréhender la suppression des obstacles juridiques, techniques et culturels, la nécessité d'une surveillance coordonnée et l'instauration d'un cadre directeur. Cela étant dit, réaliser cet objectif d'intégration reste tributaire de certains facteurs. Ainsi et à la lumière de la conjoncture internationale, il serait intéressant de donner une vision plus précise de l'impact qu'a eu la crise financière mondiale sur le monde arabe. Le besoin d'une réflexion plus approfondie sur l'allocation des capitaux provenant des pétrodollars atténue l'importance des investissements dans des marchés parvenus à maturité et dans le secteur de la construction en faveur d'investissements régionaux à même de soutenir la croissance économique et le développement. Ainsi, le rapport établit une analyse de l'impact de la crise sur le crédit intérieur dans la région, en particulier au regard de la forte baisse des dépôts et prêts marginaux dont la proportion est passée de 10 % avant la crise à 2 % en 2009. «Si globalement le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord s'en sont mieux sortis que la plupart des autres régions du monde, la crise a entraîné un déclin des performances des banquesdelarégion»peut-on lire. L' importance du rôle des institutions a également été soulignée. La nature fragmentaire des institutions financières et des instances de réglementation de la région a affaibli l'intégration financière régionale. Une importance doit désormais être accordée à l'avenir des marchés des capitaux privés, en particulier sur l'impact que pourrait avoir l'amélioration des arbitrages risques/bénéfices sur les flux de capitaux interrégionaux. Cette approche implique les éléments suivants : une augmentation des privatisations et de l'appui aux partenariats public-privé, une amélioration de la transparence et de la gouvernance, la présence de marchés obligataires en devises locales, une extension du rôle des banques régionales et une adaptation des attentes des investisseurs aux réalités macroéconomiques. Par ailleurs et compte tenu de l'influence croissante des pays arabes développés dans l'économie mondiale en termes monétaires et d'économie réelle, le rapport a souligné la nécessité de mieux reconnaître leur place dans le nouvel ordre économique mondial multipolaire.