La reprise économique progresse mieux que prévu, mais a des rythmes variables, timidement dans beaucoup de pays avancés et vigoureusement dans la plupart des pays émergents et en développement. La région Moyen-Orient et Afrique du Nord sort de la récession à cadence multiple. Dans «le rapport sur la stabilité financière dans le monde» et «les perspectives de l'économie mondiale» édités par le Fonds Monétaire International (FMI) en avril 2010, les perspectives économiques varient d'un pays à l'autre, du fait des différents ensembles de forces qui les sous-tendent. Plusieurs facteurs influent sur la reprise économique à la Région MOAN. Deux forces au moins lui donnent de l'élan. Premièrement, la hausse des cours des produits de base et la demande extérieure dopent la production et les exportations de nombreux pays. Deuxièmement, les programmes de dépenses publiques jouent un rôle majeur d'accompagnement de la reprise. Dans quelques pays, elle est entravée par la fragilité du secteur financier et la faiblesse du marché immobilier (Emirats Arabes Unis, Koweït). La mollesse de la reprise en Europe pèse sur la croissance des exportations, les envois de fonds de l'étranger et les recettes du tourisme dans d'autres parties de la région MOAN (Maroc-Tunisie), bien que les données récentes indiquent une amélioration graduelle de ces flux. Compte tenu de ces facteurs, les projections indiquent pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord un taux de croissance du PIB de 2% en 2010, qui passerait à 3% en 2011. Comme dans les autres régions les perspectives sont très différentes d'un pays à l'autre. Le Qatar est le plus performant des pays exportateurs de pétrole: l'activité réelle est, d'après les projections, promise en 2010 à une croissance de 9%, tirée par l'expansion persistante de la production de gaz naturel et par de fortes dépenses d'investissement En Arabie Saoudite et au Koweït, on attend une progression du PIB respective d'environ 4,5% et 3% soutenue cette année par des investissements publics considérables dans les infractructures. Pour les Emirats Arabes Unis, les projections font état d'une croissance atone de 0,25% du fait d'une nouvelle contraction des secteurs liés à l'immobilier. Parmi les pays importateurs de pétrole, l'Egypte devrait connaître une croissance de 0,75% à 4% en 2010 et de 2 à 5% en 2011 sous réserve que les exportations, le tourisme, les envois de fonds et les investissements directs étrangers continuent à progresser. Une grande incertitude entrave ces perspectives, pour deux principales raisons. Premièrement, la croissance plus lente que prévu des pays avancés pourrait peser sur les cours des produits de base et le tourisme. Cela avait des effets négatifs sur les exportations, les soldes courants et budgétaires et la croissance de la région. Le second risque se rapporte aux effets de la crise de la dette de Dubaï World, dont les retombées économiques ont été limitées jusqu'à présent, mais dont le plein effet pourrait se faire sentir pendant quelque temps. Il est possible, en particulier que le réajustement du prix de la dette quasi-souveraine ait des effets durables sur les systèmes financiers, les entreprises et, plus généralement, l'activité économique dans cette zone. La relance budgétaire a beaucoup contribué à amortir l'impact de la crise mondiale dans la région et à soutenir la reprise. Les programmes d'investissements publics dans les infrastructures surtout, continueront à doper la demande intérieure à court terme dans beaucoup de pays de la région MOAN. Il conviendrait que ces mesures restent en place pour renforcer la reprise. Le niveau élevé de la dette limite toutefois la marge de relance budgétaire dans certains pays importateurs de pétrole. Etant donné que les tensions inflationnistes restent sous contrôle, la politique monétaire doit continuer, si possible, à servir d'instrument de stabilisation conjoncturelle. Cela vaut pour les pays qui n'ont pas de régime d'ancrage monétaire (Egypte). Dans d'autre pays, dont la monnaie est fermement arrimée au dollar (EU) (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis) et cela donne un essor approprié à l'activité. Le soutien public aux systèmes financiers a contribué à circonscrire les fragilités et les débordements, surtout dans les pays membres du Conseil de Coopération du Golfe. Malgré ces aides publiques, les banques de la région sont devenues plus prudentes, à la suite des récentes épisodes de difficultés financières induites par une forte correction des marchés immobiliers. Cela risque de diminuer les disponibilités de prêts bancaires et en fin de compte d'entraver la croissance du crédit. Sur le plan des comptes extérieurs, les excédents courants de la région MOAN vont aller en croissant à mesure que la reprise s'affirmera. Plus précisément, l'excédent courant de la région dans son ensemble avait chuté de 7,5% du PIB à 1,25% du PIB en 2010. Mais la récente hausse des dépenses publiques dans les secteurs rééquilibrent la croissance de la région, ce qui aurait pour effet de réduire l'excédent courant. Il faut néanmoins poursuivre ces efforts de diversification, qui tourneront à l'avantage non seulement de la région MOAN, mais aussi de l'ensemble de l'économie mondiale.