«Au cours des trois dernières années, la performance et la qualité des actifs des banques tunisiennes ont souffert de la combinaison de l'instabilité post-révolution et du ralentissement des économies européennes» (Note de S&P) La demande formulée par le gouvernement tunisien, l'année dernière, à l'agence de rating Standard and Poor's (S&P) d'arrêter «provisoirement» la notation de la Tunisie n'a pas empêché l'agence américaine de classer le secteur bancaire tunisien dans le groupe huit, sous sa méthodologie Banking Industry Country Risk Assessment (BIRCA). Cette classe regroupe d'autres pays comme le Kazakhstan, le Nigeria, le Liban et la Géorgie. «Au cours des trois dernières années, la performance et la qualité des actifs des banques tunisiennes ont souffert de la combinaison de l'instabilité post-révolution et du ralentissement des économies européennes», a justifié l'agence un tel classement dans une note explicative publiée, le 29 septembre, sur son site. Cette méthodologie Birca classe les pays sur échelle de 1 à 10, où le groupe «1» représente les risques économique et industriel les plus faibles. L'agence a considéré que malgré la progression de la transition politique, le pays reste vulnérable à l'instabilité politique et aux troubles sociaux. De plus, «l'impact des prochaines échéances électorales sur l'avenir de la stabilité politique de la Tunisie et de sa performance économique est encore incertain», ajoute la note de la Tunisie. Et de préciser «Dans notre scénario de base, nous prévoyons une stabilisation progressive du pays après les élections». Pour ce qui est du risque du secteur bancaire, l'agence prévoit «une croissance nominale des prêts d'environ 8% au cours des prochains 12-18 mois, reflétant une faible reprise économique et une pression sur la liquidité des banques». Parallèlement, le taux des prêts improductifs se stabilisera, dans les meilleures conditions, à environ 15% du total des prêts du système bancaire, estime S&P. Toutefois, la qualité des actifs des banques pourrait s'améliorer, selon l'agence, avec la création de la Société de Gestion d'Actifs (Asset Management Compagny). Et dans un scénario défavorable, «la qualité des actifs pourrait toutefois retomber à leurs niveaux de 2002 si l'environnement politique se détériorait après les élections». Dans l'ensemble, S&P déplore la réglementation et la supervision bancaires qui restent en deçà des normes internationales. «L'alignement de la réglementation tunisienne avec celle de la plupart des pairs les plus avancés prendra du temps», souligne la note sur la Tunisie. Pour ce qui est des perspectives économiques de la Tunisie, S&P prévoit une légère reprise en 2014, avec un taux de croissance de 2,8% «en raison de la baisse des investissements publics, et des performances modérées des exportations, de l'agriculture et du tourisme». Avec la stabilisation progressive de la scène politique, le taux de croissance passera à 3,5% en 2015 et 4,2% en 2016, d'après les prévisions de l'agence qui table sur une reprise des investissements directs locaux et étrangers.