Après l'overdose estivale, la saison culturelle connaît des creux qu'il s'agit de meubler A peine les festivals d'été bouclés qu'ici et là des annexes sont venues s'y greffer, allongeant des programmes déjà denses et souvent coloriés. C'est que leurs initiateurs veulent profiter des espaces ouverts et d'une saison propice aux sorties et aux veillées. Tant mieux pour le public, serait-on tenté de dire, même si des pauses auraient été les bienvenues, histoire de faciliter la digestion, d'alléger la pression sur les bourses et d'étaler, dans le temps, une animation focalisée essentiellement sur la musique. L'intermède cinématographique avec le festival du film amateur de Kélibia passé, immersion immédiate et, coup sur coup, dans «Mûsîqât» et l'Octobre musical, abrités de surcroît par des voisins: Ennejma Ezzahra et l'Acropolium de Carthage. Deux festivals de qualité destinés à un auditoire initié et aux puristes certes, mais entraînant quand même une overdose de sonorités et provoquant à la limite une lassitude, si ce n'est une fatigue réelle, d'autant que le public ciblé est le même du côté de Carthage ou de Sidi Bou Saïd. Il est également le même à se déplacer pour les concerts et récitals de qualité au théâtre romain ou à Hammamet. D'où la nécessité d'espacer ces deux manifestations afin d'en optimiser les conditions de réussite et de meubler les «creux» de la saison culturelle. Et des creux, il y en a, particulièrement au premier trimestre de l'année. Cela est d'autant plus faisable que l'acropolium et le palais d'Erlanger sont couverts. Heureusement qu'on nous annonce l'avènement, mi-mars, des journées musicales de Carthage qui, à l'instar des journées cinématographiques et théâtrales, sont à dimension arabo-africaine (avec compétition). Elles sont également appuyées par des concerts parallèles tunisiens et du monde. Il n'y a pas que la musique Le déséquilibre que connaît la scène culturelle est un peu atténué par les récitals mensuels de l'Association Carthage pour le malouf de Ziad Gharsa, de l'Orchestre symphonique et de la Rachidia, auxquels il serait souhaitable que d'autres rendez-vous fixes s'ajoutent. Nous pensons à des spectacles un jeudi ou un vendredi sur deux, qu'accueilleraient le théâtre municipal ou l'Acropolium et qu'animeraient tour à tour des ensembles comme El Farabi, les grosses pointures de la chanson tunisienne, les vedettes du rap que nos jeunes affectionnent, par exemple. Il s'agit de prendre l'initiative et de faire les bons choix. La fidélisation du public viendra. Toujours à propos d'équilibre, et pour ne pas nous limiter au seul domaine de la musique, il serait opportun aussi que Ness el Fen de Sihem Belkhodja espace davantage les différents festivals qu'il organise (Doc à Tunis, «Kalimet», les journées de la danse...), bien que nous comprenions que cela pose un problème de gestion et un surplus de coût. Idem pour El Teatro et les différentes manifestations qu'il organise. Cet espace pourra enrichir sa programmation par des rendez-vous fixes à thèmes. C'est que les spectacles disparates et occasionnels, quel qu'en soit le genre et excepté les grands noms, n'ont pas beaucoup de chances d'attirer le public, à moins d'un hypothétique grand tapage médiatique. Enfin et pour que ce que nous qualifierons de vrais événements ne se chevauchent pas, il est nécessaire que les acteurs culturels se concertent à propos d'un calendrier qui leur assurerait l'affluence du public qu'il s'agit encore une fois de fidéliser. S.G. (Prochain article : De l'animation culturelle (II) : Public et privé)