Les acteurs du textile tunisien sont en train d'opérer un changement stratégique quant à la démarche de reconquérir les habituels marchés, principalement celui européen, en optant pour une option plus pertinente alors que la filière connaît un marasme — dans ses segments les plus innovateurs — depuis quelques années... Quarante professionnels et acheteurs européens relevant de la filière textile-habillement prennent part, depuis hier, à la première édition du Salon baptisé «Tunisia Sourcing - Textile Days» qui se veut des journées de rencontres «B to B» entre des professionnels tunisiens et des « donneurs d'ordres » venus notamment de France, d'Italie, d'Espagne, d'Allemagne, du Portugal et de Belgique. Ce salon, qui prend fin aujourd'hui, est organisé par le Centre de promotion des exportations (Cepex) et ce en collaboration avec la Fédération nationale du textile (Fenatex), le Centre technique du textile (Cettex), le pôle de compétitivité Monastir-El Fejja (Mfcpole) et l'Agence de promotion de l'investissement extérieur (Fipa). 150 rendez-vous sont programmés avec les trente exposants tunisiens et ce dans les locaux de la Maison de l'exportateur (Cepex), outre vingt visites de sites de production. D'après le PDG du Cepex, Abdellatif Hamam, ce Salon est une opération-test qui tend à rompre avec l'attentisme qui prédomine depuis quelques années. Et d'ajouter lors de l'ouverture du Salon : « Une fois le concept validé, on passera à l'organisation d'autres événements similaires pour d'autres secteurs. Au lieu d'aller, toujours, chercher la participation à des salons à l'étranger, ce qui est coûteux pour les professionnels et sans pourtant avoir des garanties quant aux retombées commerciales, nous avons opté, avec nos partenaires, pour changer de business-plan en invitant des clients avec des rencontres «B to B» ciblées et organisées d'avance. Ainsi, nous garantissons une efficience en termes de commerce mais aussi nous passons un message de confiance important. C'est que le pays est engagé dans une dynamique de transition économique. D'ailleurs, on a tenu à maintenir les dates, alors que cela coïncide avec une période sensible, à savoir l'organisation des élections, et tout ce que cela engendre comme hésitation de la part des décideurs». Le directeur général du Cettex, Samir Haouet, affirme que ce genre d'événements peut donner sur la création de «clusters», ce qui permettra d'attaquer de nouveaux marchés. Pour sa part, le président de la Fenatex, Belhassen Gherab, estime que le secteur, principalement exportateur, connaît une stagnation et que la Tunisie dispose d'un potentiel important pour récupérer des marchés perdus et en gagner d'autres. Actuellement, les concurrents de la Tunisie dans le domaine du textile, qui est de plus en plus concurrentiel, sont principalement la Roumanie, la Turquie et le Maroc. Gherab préconise, entre autres, de passer de la vente de produits finis vers la création de la mode avec un esprit et des méthodes innovateurs. L'innovation est un axe sur lequel insiste la présidente-directrice générale du Mfcpole, Neila Gongi, également présidente de l'association «Tunisia Technoparks», qui met en valeur les capacités des entreprises tunisiennes relevant du secteur textile en matière d'intégration et de technologies de pointe. Le textile-habillement, deuxième secteur exportateur après les industries mécaniques et électriques, a connu une augmentation de 6% de ses exportations en 2013 qui sont estimées à 19% du total des exportations tunisiennes. La France et l'Italie demeurent les principaux clients avec une part de 61% du total des exports textile-habillement en 2013 et la Tunisie, en 2012, a été le cinquième fournisseur de l'Union européenne en habillement. Une position que les professionnels et les organisations accompagnantes essaient de garder et même de renforcer, outre la tendance à gagner de nouveaux marchés comme les « Mist » (Mexique, Indonésie, Corée du Sud et Turquie)...