Tous les observateurs ou presque sont unanimes sur le bon déroulement de l'opération de vote, dont le taux de participation national, estimé à plus de 60 %, est qualifié d'assez respectable. Cependant, certaines parties, politiques et civiles, n'ont pas fini de créer la surprise s'appuyant sur les multiples défaillances enregistrées à plusieurs niveaux, lesquelles pourraient, selon la loi, faire tomber des listes bien, que gagnantes. Hier, la Coalition « Ofiya » pour l'observation de l'intégrité des élections a mis à nu l'ampleur des dérives telles que constatées par ses 1.250 observateurs qui étaient, dimanche dernier, sur place, dans un millier de bureaux de vote à travers les différentes circonscriptions. Des abus graves et d'autres insignifiants En fait, quelque 114 infractions dont 19 jugées graves ont été révélées lors d'une conférence de presse donnée, hier matin, au siège du Centre d'études de l'islam et de la démocratie (Csid), à Montplaisir, par M. Mohamed Kamel Gharbi, président de ladite Coalition. Au terme d'un projet d'accompagnement de tout le processus, baptisé « Un œil sur les élections », réalisé en commun avec le Csid, un rapport d'observation préliminaire vient d'être établi, portant essentiellement sur le déroulement du scrutin, l'opération de tri et les conditions de décompte dans les centres de collecte. De l'heure « H » d'ouverture, jusqu' à la fermeture des bureaux, le bilan demeure ainsi mitigé. Leurs observateurs ont bien noté des points positifs : le taux de respect des procédures de vote était presque dans les normes, avec l'enregistrement de certains cas d'abus isolés. Aussi satisfaisante soit-elle, l'opération tout entière, a fait, selon M. Gharbi, l'objet de lourdes infractions, à plus d'un titre, dont les auteurs avaient bafoué le principe du silence électoral. Les propagandes électorales et la publicité politique n'ont pas manqué même à l'intérieur des bureaux de vote, battant tous les records avec 36 % d'abus enregistrés. De tels dépassements sont passibles d'amendes ou de peines de prison. Viennent ensuite les troubles de vote dus au dysfonctionnement de certains bureaux (26%), l'achat des voix (13%), ainsi que des bourdes procédurales commises par certains membres des bureaux eux-mêmes (7%). Par ailleurs, les obstacles mis à l'encontre des observateurs, le non-affichage des noms de certains inscrits et leur interdiction de voter ont été des abus insignifiants. Argent et publicité politiques D'après ce rapport, plusieurs partis en lice ont été accusés d'avoir été impliqués dans la manipulation des voix des électeurs, en usant de l'argent et de la publicité politique. Autant de cas pareils ont été déjà signalés, au cours du scrutin, par nombre d'observateurs représentant la société civile. Et pourtant, l'Isie n'a pas encore réagi, attendant que les résultats soient finalement proclamés. A l'issue de toutes ces observations, la Coalition, en collaboration avec le Csid, a avancé une série de recommandations servant de leçons pour la présidentielle, au courant du mois prochain. L'Isie est appelée à rectifier le tir, en procédant prochainement à la réintégration des électeurs inscrits qui ont été déjà privés d'exercer leur droit dimanche dernier et la réactualisation du registre électoral. Elle doit également améliorer davantage la formation des membres des bureaux, sur la base de l'intégrité et la transparence et intensifier la sensibilisation des électeurs illettrés, par le biais des opérations de vote blanches. Pour les partis candidats, l'éthique politique et le code de conduite électoral sont des règles censées être inviolables. De son côté, la société civile devrait, désormais, faire preuve d'effort et de vigilance, afin d'augmenter les chances de réussite de la transition démocratique. Ce faisant, la coordination de l'action associative demeure le maître mot.