En dépit de la défaite de son parti aux élections législatives, Ahmed Nejib Chebbi est déterminé, plus que jamais, à maintenir sa candidature à l'élection présidentielle de 2014 «Je suis le candidat d'Al-Joumhouri et je ne comptais sur personne en me présentant. Cela étant, je suis ouvert à toutes les initiatives de soutien pouvant venir d'autres partis. Nous avons répondu présent à l'invitation lancée par Mustpha Ben Jaâfar, pour une consultation quoique ce soit une initiative qui vient trop tard. Mais, mieux vaut tard que jamais», a déclaré Ahmed Néjib Chebbi, hier, lors d'une conférence de presse à Tunis au cours de laquelle il s'est exprimé sur les résultats des urnes, sur la présidentielle et a dévoilé les cinq principaux points de son programme. Ahmed Nejib Chebbi s'est dit ouvert à la proposition de «candidat consensuel» lancée par Ben Jaâfar et que son parti étudiera la question. Car, a-t-il souligné, la présidentielle représente un grand défi pour le pays, dans ce sens où soit qu'elle réussira à équilibrer la scène politique de nature à garantir les conditions nécessaires à l'unité nationale, soit qu'elle renforcera la victoire d'une partie par rapport à une autre. La question à laquelle il faudra trouver une réponse : est-ce que le prochain président de la République sera capable de représenter tous les Tunisiens, quelle que soit leur appartenance politique ? Sera-t-il capable de fédérer l'ensemble des Tunisiens et de garantir la souveraineté des décisions nationales, dans un contexte géopolitique régional perturbé ? Le prochain président risquera-t-il d'exploiter les pouvoirs dont il dispose, pour engouffrer le pays dans les tiraillements politiques ? Autant de questions qui tourmentent, semble-t-il, Ahmed Nejib Chebbi, et pour lesquelles il décide de maintenir sa candidature, «plus que jamais», comme il l'a affirmé. Historique de militant En tout état de cause, Ahmed Nejib Chebbi demeure optimiste et confiant pour la présidentielle, grâce à son historique d'homme politique, de militant et d'avocat qui n'a cessé, a-t-il précisé, de défendre tous les Tunisiens sans exception aucune, depuis l'ancien régime, en passant par la révolte du bassin minier, pour arriver à la révolution du 14 janvier 2011. Partant de cette volonté de maintenir sa candidature, Ahmed Nejib Chebbi a dévoilé les cinq points cruciaux de son programme électoral. Il s'agit d'abord de garantir la stabilité politique, à travers une consolidation des équipements des forces de l'ordre et de l'armée nationale. Car le candidat d'Al Joumhouri demeure convaincu que sans sécurité, il n'y aura pas de stabilité politique et encore moins de relance économique. Ensuite, améliorer les services de santé et les rapprocher davantage des régions, tout en améliorant la couverture sociale. Mais encore, Ahmed Nejib Chebbi accorde une importance capitale dans son programme au développement régional qu'il considère comme un élément indispensable pour fédérer les Tunisiens et consolider le sentiment d'appartenance à la patrie, «déstabilisée», selon lui. Sans oublier l'objectif d'améliorer le revenu du Tunisien et de lutter contre la pollution. «Je maintiens ma candidature à la présidentielle parce que je suis profondément conscient de la gravité des défis qui se présentent au pays», a-t-il déclaré. Pour un gouvernement d'union nationale Interrogé sur les consultations dites « secrètes » avec le président Moncef Marzouki et Rached Ghannouchi, Ahmed Nejib Chebbi a précisé qu'il n'a rencontré ni l'un ni l'autre, ni en secret ni publiquement. «La décision du mouvement Ennahdha pour soutenir un candidat consensuel à la présidentielle n'est pas encore connue. Je demeure le candidat du parti Al-Joumhouri. Et même si le mouvement Ennahdha décide de soutenir un candidat, cela permettra au candidat consensuel de dépasser le premier tour. Par contre, pour le second tour, c'est au peuple de dire son mot, à travers les urnes». D'un autre côté, Ahmed Nejib Chebbi est revenu sur les résultats des élections législatives dont le rideau est tombé, mercredi dernier, tard dans la soirée. Dans ce contexte, il a félicité tous ceux qui ont réussi et pour qui le peuple a voté pour le représenter au cours des cinq prochaines années. «Le plus grand gagnant de ces élections n'est autre que la Tunisie qui a réussi à réaliser deux grands acquis. D'abord, la réussite du processus de transition démocratique et, ensuite, l'alternance pacifique au pouvoir. Grâce à ces deux acquis historiques, la Tunisie est entrée par la grande porte dans le rang des pays démocratiques», a-t-il souligné. Néanmoins, les partis démocratiques ont été, à son sens, pénalisés par le «vote utile», suite à la bipolarisation de la scène politique. Cela étant dit, il ne s'agit là que d'une étape qui ne durera pas éternellement. Le parti gagnant des élections n'a, en définitive, pas eu une majorité absolue et les défis demeurent les mêmes. Sans un gouvernement d'union nationale, affirme le leader d'Al-Joumhouri, il sera difficile de répondre aux attentes des Tunisiens et de relever les défis. Les partis qui ont perdu les élections continueront à œuvrer pour l'intérêt de la nation, à l'extérieur de l'enceinte de l'Assemblée des députés. Sans compter que nous nous préparerons activement aux élections municipales prévues en 2015, et je reste optimiste que les partis démocratiques auront leur place», a conclu Ahmed Nejib Chebbi.