Ahmed Nejib Chebbi : «Ce qui s'est passé, c'est un accord entre le Quartet et Ennahdha» Trente ans que le parti Al Joumhouri (ex-PDP) existe, trente ans de militantisme, notamment à travers son journal «Al Mawqef», très critique à l'égard du régime de Ben Ali. Pourtant, seule une poignée de jeunes militants étaient là pour accueillir Ahmed Nejib Chebbi, membre fondateur du parti, lors d'une réunion générale à la Bourse du travail, pour la commémoration de ces trente ans d'existence. Entre militants, journalistes et invités, ils étaient environ une centaine, n'arrivant pas à remplir la salle de réunion, dont le tiers a été recouvert par un énorme drapeau de la Tunisie. «Un petit pincement au cœur, madame la secrétaire générale du parti ?». «Ah bon ? Vous trouvez que c'est vide ? De toutes les manières, nous ne faisons jamais dans le spectaculaire. Nous avons toujours fait de la politique avec sobriété. C'est une réunion comme les autres, je ne suis donc pas surprise outre mesure par le nombre de présents que vous jugez faible», répond Maya Jeribi. Al Joumhouri, c'est le nom qui reste d'une tentative amorcée le 9 avril 2012, qui visait à constituer un grand parti d'opposition, en séduisant et en attirant à lui deux jeunes partis, à savoir Afek Tounès et le Parti républicain — dont il empruntera le nom —, avant de consommer un divorce de façon inattendue. Les jeunes partis s'étant senti étouffés. «Nous sommes un parti qui agit conformément à des valeurs inaliénables, mais nous sommes également un parti capable d'évoluer dans le temps et d'engager des révisions», indique Maya Jeribi, sans toutefois préciser lesquelles, invitant les jeunes et les femmes à arracher leurs places dans le parti. Pour sa part, Ahmed Nejib Chebbi admet que «l'année 2013 a été une année très dure pour Al Joumhouri». Al Joumhouri campe sur ses positions Dans la sphère politique, le parti Al Joumhouri demeure relativement influent, et ses positions intéressent l'opinion publique. La reprise du dialogue national a même été reportée à lundi pour tenter de le convaincre d'y participer. Mais, jusqu'à hier, la ligne du parti n'a pas bougé. Ahmed Nejib Chebbi, président de la haute instance politique d'Al Joumhouri, a réitéré, lors de son allocution, la décision de son parti de se retirer d'un processus gouvernemental qui «n'a pas réussi à atteindre le consensus». «Ce qui s'est passé, c'est un accord entre le Quartet et Ennahdha», dit-il. « Nous ne sommes pas contre Mehdi Jomâa en tant que personne, nous ne sommes pas dans l'opposition dès le départ : nous attendons des actes. Le nouveau chef de gouvernement aura devant lui trois principaux défis : constituer un gouvernement aux pleins pouvoirs et non pas un gouvernement d'élections comme le souhaite Ali Laârayedh; choisir les membres de son gouvernement, et notamment le ministre de l'Intérieur, de façon indépendante et ne pas céder aux pressions et, enfin, réviser les nominations», lance-t-il. Chebbi pense aux élections A la fin de son intervention, Ahmed Nejib Chebbi a évoqué rapidement les prochaines élections. Il admet certes que son parti a pris quelques coups, mais crie haut et fort que «malgré une baisse au niveau des intentions de vote, le parti reste dans le top 4, dans le pire des cas». «Lors de la prochaine élection présidentielle, le parti sera en première ligne ! Peu importe le candidat ! Au moment opportun, nous nous entendrons sur le nom du candidat», crie-t-il à l'adresse des militants qui jubilent. Entre une histoire bien riche, un quotidien difficile et un avenir incertain, le parti choisit de penser déjà aux urnes. Reconquérir l'électorat, y compris conservateur : une approche qui n'est pas sans risque de dérapage. Dans son allocution, Maya Jeribi espère construire un «Etat civil et démocratique», une «mission historique que Dieu nous a confiée».