La défaite contre le CAB a montré que l'apprentissage de la Ligue 1 n'est pas aisé Ils sont venus plus nombreux que d'habitude, avec l'espoir de fêter la première victoire de la saison de l'ASD, et ils sont rentrés avec une nouvelle déception. Impossible de faire comprendre à tous ces gens qui commencent à perdre espoir, voire à en avoir ras-le-bol, qu'après plus de treize ans passés en Ligue 2, il n'est pas facile de s'imposer et de s'ancrer en peu de temps et d'emblée en Ligue 1. Le chemin est long et semé, de surcroît, de grosses embûches et l'apprentissage est dur et éprouvant. Le facteur expérience est important dans cette marche et le match de dimanche, contre le CAB, l'a une nouvelle fois prouvé. L'amertume de cette troisième défaite à domicile et la sixième en neuf rencontres ne doit pas barrer la route à un sentiment de réalisme constructif qui permet de voir les choses bien en face et d'apporter les rectifications nécessaires. Quand on revoit à tête reposée le film du match contre le CAB, on constate que l'issue des 90 minutes de jeu s'est jouée sur quelques petits détails qui ont fait la différence en faveur de l'équipe la plus expérimentée et la plus mûre tactiquement. L'ASD a fait le plus difficile en football, en marquant un but d'entrée de jeu (3e minute) et en cueillant à froid l'une des défenses les plus difficiles à manier en ce championnat, mais elle a raté le plus facile, à savoir comment gérer durant le reste du temps cet avantage à la marque et le protéger soit en le consolidant, soit en le défendant jusqu'au dernier coup de sifflet de l'arbitre. Erreurs à la pelle Or, que s'est-il passé au juste? Première erreur : un recul quasi systématique et il était trop tôt pour le faire. Les Djerbiens ont laissé aux Bizertins, assommés par ce but surprise, l'opportunité de remettre de l'ordre dans leurs rangs et de partir très vite assiéger le camp local et chercher l'égalisation, alors que pendant les vingt minutes qui ont suivi le but, il fallait profiter de ce contretemps pour faire le break et signer un deuxième but libérateur. Surtout qu'avec un milieu de terrain composé de Baratli, Darragi et Saïdani, les deux premiers excellents milieux défensifs, et le troisième un milieu offensif qui promet, laisser l'initiative à l'adversaire c'était jouer réellement avec le feu et opter pour une stratégie naïve et suicidaire. Deuxième erreur et elle est aussi significative et de taille : le peu d'importance accordé au marquage à la culotte d'homme à homme et la recherche du ballon plutôt que l'adversaire sur les balles arrêtées, notamment, et en cours de jeu aussi. L'exemple le plus marquant qui illustre cette carence de poids, il faut l'avouer, est celui du danger permanent qu'a présenté, à lui seul, l'arrière-central du CAB, Ali Machani. Sur trois corners successifs, il est venu de l'arrière prendre le dessus sur tout le monde et reprendre de la tête, dans la mêlée sans qu'il n'ait pu être inquiété ou eu affaire à un vis-à-vis de poids pour le neutraliser. Résultat : si ces trois premières tentatives ont échoué d'extrême justesse (5', 21' et 31'), celle de la quarante et unième minute, sur coup franc latéral cette fois, a été la bonne et a eu raison du gardien de but Tamzini, qui n'a pu l'enrayer et a endossé une part de responsabilité sur ce but, suite à une action qui s'est répétée plus d'une fois. Il ne restait alors que quatre minutes pour regagner les vestiaires et avoir le temps de reprendre son souffle avec un avantage au score précieux. Troisième erreur : l'absence sur le banc de touche djerbien d'une bonne et rapide lecture de jeu et de réaction pour redresser la situation à temps, corriger le placement de quelques joueurs sur le terrain et rectifier quelques choix qui n'étaient pas bien étudiés et judicieux dès le départ. Houcem Jmaiel a toujours été un défenseur axial sobre et lent et n'aurait pas dû être aligné comme arrière droit. Les Bizertins n'ont pas mis beaucoup de temps pour découvrir cette principale faille et axer 90% de leurs opérations offensives sur ce côté. Ce harcèlement continu, mené tour à tour par Mosaâb Sassi et Adem Rjaïbi, a fini par donner ses fruits, quand le deuxième nommé a hérité du ballon pas très loin du poteau de corner et a adressé un tir dont lui seul connaît le secret dans un angle fermé du gardien de but Tamzini, trompé une seconde fois d'une manière qui dénote qu'il a encore beaucoup à apprendre et doit garder les pieds sur terre et travailler encore plus pour pouvoir postuler au poste de gardien numéro un de l'ASD. Le même constat pour Houcem Jmaïel vaut aussi pour Lemjed Gritly, un autre arrière-central, gros gabarit mais lourd, replacé au poste de... demi défensif où il a erré comme une âme en peine durant 90 minutes. Son travail sur le plan de récupération, de ratissage et de relance, a été pratiquement nul, ce qui a permis à l'entrejeu du CAB de matérialiser, sans aucune peine, sa domination dans ce secteur clé. Après le 2e but bizertin, il restait plus de vingt minutes à jouer pour refaire le chemin perdu, mais la réaction n'a pas été à la hauteur de l'enjeu et au fil des minutes, on a senti et compris qu'un retour dans le match n'était pas possible. Ce fléchissement physique et mental, dans un temps crucial de la partie, pose plus d'un point d'interrogation sur la préparation des joueurs. A l'entraîneur Abdelhay Ben Soltane, dont personne ne peut nier la bonne volonté et la grande disponibilité pour continuer à composer avec l'effectif actuel en attendant le mercato d'hiver, de tirer les enseignements majeurs d'une nouvelle sortie ratée de ses joueurs. Tant qu'il est encore temps et avant qu'il ne soit trop tard.