Les clubs gèlent leur participation à la compétition alors que l'Etat réclame la retenue à la source Le torchon brûle entre l'Etat et les clubs de la Ligue 1. Chaque partie réclame de l'argent à l'autre. L'affaire remonte à juillet dernier. La direction générale des impôts a adressé un courrier aux clubs de la Ligue 1, via la FTF, réclamant le versement de la retenue à la source. En attendant, les subventions des municipalités et des gouvernorats sont bloquées. La direction des impôts a exigé un état des montants des salaires des entraîneurs et des joueurs pour les cinq dernières années. Les présidents de clubs refusent de payer les arriérés laissés par leurs prédécesseurs. A la fin du mois dernier, les responsables des équipes de l'élite ont demandé une amnistie jusqu'au 1er juillet 2015 et de relever la retenue à la source à partir de l'année prochaine. Avant-hier, les dirigeants de l'élite ont haussé le ton. L'Amicale des présidents des clubs de la Ligue 1, réunie à La Marsa, a annoncé la suspension à une date indéterminée de la participation à la compétition pour protester contre l'arrêt des subventions sportives provenant des municipalités et des gouvernorats. Sur les 16 clubs, 14 ont été représentés. Les responsables du CSS et du CA n'ont pas assisté à cette réunion. Confusion des genres et des rôles Si notre football se retrouve aujourd'hui dans l'impasse, c'est que le professionnalisme a été mal mis en place, voire parachuté en 1995. Pour utiliser un terme plus approprié, notre championnat est semi-professionnel. La Fifa a exigé ce passage dans les années 90 afin de régulariser les recrutements des joueurs étrangers évoluant dans notre championnat. Mais compte tenu de la nature du régime politique qui régnait en Tunisie, personne n'a osé poser les vrais problèmes de notre football et passer aux statuts de sociétés sportives, qui demeure une formule tangible, voire la plus appropriée. Si on comprend que la situation soit restée en l'état avant le 14 janvier 2011, on le comprend moins aujourd'hui. Dans les championnats européens, c'est la Ligue nationale professionnelle qui gère la compétition et les affaires courantes du football. Les fédérations tracent les grandes lignes de la politique générale à adopter. Quant aux ministères des Sports, ils s'occupent des sportifs d'élite qui sont entre autres des ambassadeurs de leurs nations. Chez nous, il y a confusion des genres. On veut gérer des associations sportives ayant un statut d'amateur comme des clubs professionnels, sans payer d'impôts. Le rôle de la LNFP se limite à sanctionner les clubs et les joueurs et en cas de litige, la FTF s'en mêle. Depuis 2011, les bureaux fédéraux de la FTF n'ont pas proposé une réelle mise à niveau. L'Etat, de son côté, veut remettre de l'ordre dans le secteur, en réclamant les impôts. Tout le monde a sa part de responsabilité, en particulier certains présidents de clubs qui recrutent à coups de millions. Quelques chiffres pour conclure. Le budget des 16 clubs de la Ligue 1 est estimé à 110 millions de dinars au titre de l'exercice 2013/2014. Les quatre grands clubs ont été épinglés par la direction générale des impôts. L'Espérance doit verser 2 millions 100 mille dinars; le CA 1 million 600 mille DT; le CSS 1 million de DT et l'ESS 1 million de dinars. Une manne financière qui nécessite un vrai remue-ménage.