En obtenant un petit match nul au Botswana, la Tunisie n'a ni séduit, ni rassuré. Le petit match nul de l'équipe de Tunisie au Botswana et la défaite de l'Egypte au Caire face au Sénégal ôtent tout charme et tout suspense pour la dernière journée du groupe G. Tunisie-Egypte comptera pour du beurre et ce n'est pas plus mal car, dans les conditions actuelles, cela représente toujours un match à risques. Il faut dire que la révolution n'a pas été trop clémente pour les Pharaons, alors que pour la Tunisie, l'état de grâce s'est étendu au football. Enfin pas totalement, puisque si la Tunisie a assuré sa qualification, plein d'interrogations ont accompagné son parcours. Des interrogations urgentes qui demeurent sans réponse et qui n'ont pas cessé de faire débat et polémique depuis que Georges Leekens a pris en main notre onze national. Conservatisme, choix frileux, absence de jeu, stratégie défensive et manque d'imagination. Un sélectionneur qui a pourtant obtenu gain de cause et carte blanche en éliminant successivement le directeur technique des équipes nationales, puis son premier adjoint. Mais au lieu de se libérer et de libérer cette équipe nationale, il s'est «emprisonné» dans une logique et des choix qui ne peuvent en aucun cas mener ce groupe très loin. La passion pour les couleurs nationales ne doit, de ce fait, pas cacher les énormes difficultés du parcours de notre onze représentatif qui a frisé la correction lors de tous ses matches, comme en témoignent les scores étriqués lors des cinq matches et, surtout, l'absence presque totale de jeu. Un groupe verrouillé Après avoir donné l'impression de vouloir s'ouvrir aux idées et aux hommes, après avoir multiplié les discours séduisants, Georges Leekens s'enferme depuis quelque temps dans une démarche qui a exclu le beau jeu, l'offensive et d'autres choix qui s'imposent. Tout pour la défense et des miettes pour la construction et la finition, comme en témoignent les quatre petits buts marqués. Et encore, rappelez-vous le penalty en dernière minute face au Botswana à Monastir puis, toujours à Monastir, ce but miraculeux de Ferjani Sassi dans les arrêts de jeu. Une chose est sûre : ce n'est pas avec ce jeu, ces choix et cette stratégie que l'équipe de Tunisie ira loin ou se replacera alors dans la cour des grands du continent. La Coupe du monde? Il ne faut même pas en rêver, qu'on soit en Russie en 2018 ou pas. Plus grave encore, à l'instar de ses prédécesseurs (selon toute vraisemblance c'est contagieux), Leekens commet les mêmes erreurs. Confiance absolue aux joueurs de l'étranger quel que soit leur statut ou leur état physique, ignorance totale de quelques éléments locaux capables d'apporter le plus à l'équipe, renforcement démesuré de la défense, l'option pour deux, voire trois demis offensifs et, depuis deux rencontres, le statut de remplaçant de Ferjani Sassi. Pis encore, en plus de ce dernier, Leekens préféra garder un autre demi constructeur sur le banc pour l'incorporer dans les toutes dernières minutes, Wissam Yahia. Et de nous poser la question suivante : si Ferjani Sassi évoluait à l'étranger, à l'Espérance ou au Club Africain, sera-t-il réduit à ce statut? La réponse, tout le monde la connaît. D'autres joueurs intéressants peuvent et doivent faire partie de ce groupe, fût-ce pour relever d'autres pas en forme, blessés ou alors réduits au statut de remplaçants dans leurs clubs. Nous pensons à Rejaïbi, Tka, Hatem Béjaoui... comme nous pensons que Saber Khlifa devrait bénéficier d'un temps de jeu plus important. Mais l'urgence demeure cet entrejeu défensif, négatif et boiteux qui sanctionne tout le jeu de l'équipe et empêche ce onze de décoller. A qualification assurée, Leekens aura-t-il le courage d'entamer les véritables chantiers latents de notre équipe nationale ? Rien n'est moins sûr !