Un remake de Hassen El Moadhen d'après une œuvre originale de Naguib Mahfouz. Jeudi dernier, les amoureux du quatrième art ont assisté à la pièce de théâtre «El Hala Adia». Ecrite et mise en scène par Hassen El Mouadhen, la pièce est en effet l'adaptation de l'œuvre du grand écrivain égyptien Naguib Mahfouz, dont le titre original est «Annajet», une pièce qui dénonce les maux de la société moderne, les idées-clichés et les rapports toujours tendus entre l'homme et la femme. L'adaptation tunisienne de cette œuvre est interprétée par l'excellent duo Raoudha Mansouri et Walid Gharbi, qui partagent la scène avec Fethi Messalmani, Taoufik Bahri et Yassine Ammar. On est dans une grande salle qui ressemblerait à un bureau : un lampadaire éclaire la salle, une bibliothèque remplie de livres et un jeune homme qui tapote à la machine à écrire... Soudain, on frappe violemment à la porte: une belle femme totalement désemparée lui demande de l'aide. Un dialogue s'installe entre ces deux protagonistes : qui est cette femme, qu'est-ce qu'elle est venue faire ici ? Que veut-elle ? A partir de ses réponses, tout ce qu'on arrive à déchiffrer c'est qu'elle a commis une erreur et qu'elle cherche de l'aide auprès de cet inconnu. A partir de ce moment-là une réflexion commence, une immersion dans un discours sur les rapports homme-femme. Cette jeune trentenaire prend l'aspect d'une séductrice, les lumières deviennent tamisées, la gestuelle, le ton et les paroles de plus en plus suggestifs. La scène évoque des situations autour des grands principes, une réflexion sur la liberté, les préjugés, le regard de la société à l'égard de la femme... Au deuxième acte : un coup de théâtre, un ami de l'écrivain frappe à la porte, la tension monte, l'action devient rapide, la femme disparaît et l'ami nous apporte une nouvelle : la police cherche une femme, une fugitive qui a commis un crime. Quel genre de crime ? On ne le sait toujours pas, un policier vient de confirmer cette information... On entre dès lors dans une situation de chaos et la pièce se transforme en une intrigue policière, le rythme change, l'ambiance aussi. On épouse un ton sarcastique, comique parfois, surtout lorsqu'il s'agit de critiquer les maux de la société moderne, à coup de répliques du tac au tac truffées de sous-entendus. Le troisième acte fut le plus long de la pièce, où on assiste au dénouement de l'affaire, avec l'entrée d'un autre personnage — Taoufik Bahri — dans le rôle du voisin de palier, qui vient annoncer la mauvaise nouvelle : l'immeuble est surveillé, c'est la police qui fait une descente... une rafale de coups de feu... c'est la pagaille totale. Cette nouvelle création de Hassen El Mouadhen a séduit le public par la justesse du jeu d'acteurs, un texte ficelé, le suspense, les rebondissements et les coups de théâtre... Mission accomplie.