Si la chute des prix du pétrole inquiète les dirigeants à Téhéran, Caracas ou Alger, ce n'est pas le cas pour les responsables dans les pays du Golfe, même si les Bourses de la région ont subi fortement l'impact de la chute des prix. Le secrétaire général de l'Opep a ainsi déclaré, en marge d'un séminaire organisé à Dubaï, que la baisse des prix ne va pas amener les pays membres de l'organisation à baisser la production. Le ministre émirati du pétrole, Suhail Al-Mazrouei, est encore plus direct : l'Opep va maintenir sa production même si les prix du pétrole descendent à 40 dollars le baril. Une perspective qui donne des frayeurs aux pays dépendant des recettes pétrolières comme l'Iran, le Venezuela ou l'Algérie. «Nous n'allons pas changer d'avis parce que les prix descendent à 60 dollars ou à 40 dollars, nous ne visons pas le prix, le marché se stabilisera de lui-même» a-t-il déclaré en estimant que la discussion sur une éventuelle réunion extraordinaire de l'OPEP n'est pas à l'ordre du jour avant trois mois. Al-Badri, lui aussi, n'envisage pas de réunion d'urgence de l'Opep avant la rencontre régulière programmée en juin prochain. Il ne prévoit pas non plus de rencontre avec les producteurs des pays hors Opep. De telles réunions sont sans effet sur les prix du pétrole, a-t-il déclaré. Pour al-Badri, la situation ne justifie pas la tenue d'une réunion extraordinaire de l'Opep. «Nous n›aurons pas une image réelle du prix du pétrole avant la fin du premier semestre 2015. Le prix sera stabilisé au cours du second semestre et l'OPEP aura alors une idée claire des mesures à prendre». Selon le secrétaire général de l'OPEP, l'actuelle plongée des prix du pétrole ne se justifie pas au regard des fondamentaux du marché pétrolier. Il a évoqué un rôle probable de la «spéculation». Al-Badri a justifié la décision prise lors de la dernière réunion de l'Opep, le 27 novembre, de maintenir la production inchangé à 30 millions de barils-jour malgré la chute des prix. «Nous avons convenu qu'il était important de continuer la production (à ses niveaux actuels) pour la (...) période à venir. La décision a été le fruit d'un consensus de tous les ministres. Elle a été prise. Nous n'en dévierons pas». Le cours du Brent a baissé de près de 7% depuis le 27 novembre dernier et de près de 50% depuis la mi-juin en raison d'une surabondance de l'offre, lié à l'expansion de la production des gaz et huile de schiste aux Etats-Unis et la faiblesse de la demande. Al-Badri a répondu de fait à la place de l'Arabie Saoudite dont la décision de ne pas défendre les prix a donné lieu à différentes lectures. «Certains disent que cette décision est dirigée contre les Etats-Unis et les producteurs de gaz et d'huile de schiste. Tout cela est faux. Certains autres disent que c'est dirigé contre l'Iran et la Russie, c'est également faux» a-t-il assuré. Des analystes imputent à l'Arabie Saoudite et aux pays du Golfe une volonté d'affaiblir le voisin et «adversaire» iranien dans la région. D'autres estiment qu'ils veulent mettre à l'épreuve les producteurs de gaz et de huile de schiste américains, à l'image de Scott D. Sheffield, PDG de Pioneer Natural Resources, producteur américain d'huile de schiste (shale oil) qui parle d›une «»déclaration de guerre» de l'OPEP a l'industrie américaine du pétrole et du gaz. Mais la plupart des spécialistes font remarquer que la situation actuelle n'affecte pas la rentabilité des puits en activité aux Etats-Unis, mais aura un impact important sur les projets d'investissements futurs.