Par M'hamed JAIBI Alors que l'on s'achemine rapidement vers le verdict final des urnes pour la présidentielle, le flou le plus total règne quant aux perspectives d'alliances au sein de l'hémicycle, et concernant la composition et le programme du futur gouvernement. Incontestablement, et quel que soit le choix des électeurs, dimanche, le gouvernement attendu devra solliciter l'appui d'une majorité de députés à l'Assemblée. Et cette majorité de gouvernement garde, à ce jour, tout son mystère. Tant que les principaux partis concernés n'auront pas finalisé leurs positionnements respectifs : Nida Tounès, Ennahdha, Union patriotique libre, Front populaire, Afek Tounès. Il semblerait qu'une interférence implicite avec la présidentielle se soit invitée au débat, de sorte que les éventuels rapprochements soient quelque peu jaugés à l'aune de l'attitude de chacun vis-à-vis des deux candidats du second tour. Du côté d'Ennahdha, deux «gestes» méritent l'attention : la consigne «stricte» donnée aux observateurs nahdhaouis de ne pas opérer ce dimanche, et la confirmation faite par le dernier Conseil de la choura de la neutralité. En plus de menues déclarations de Rached Ghannouchi certifiant qu'une même coloration des deux présidences serait préférable pour le pays. Afek Tounès et l'UPL sont, quant à eux, en réelles et concrètes négociations en vue de la configuration du gouvernement. Reste le Front populaire. Hamma Hammami a affirmé, hier, qu'aucun contact n'est établi avec Nida Tounès, mais a appelé ses électeurs à ne pas voter pour Marzouki... Dimanche soir, les urnes dévoileront leur secret et les configurations se dévoileront peut-être. Quoi qu'il en soit, dès son élection, et juste après la proclamation des résultats définitifs par les soins de l'Isie, le président de la République demandera au parti Nida Tounès, porteur du plus grand nombre de sièges à l'ARP, de proposer son candidat au poste de chef de gouvernement. De sorte qu'en cette veille de second tour de la présidentielle, ce candidat est probablement déjà pressenti au sein du parti de Béji Caïd Essebsi. Cependant, ce dernier garde secrètes ses préférences et aucun élément objectif ne transparaît quant aux éventuelles négociations entre les différents partis ou groupes parlementaires pouvant être concernés par une participation au gouvernement ou même une consultation à son sujet. S'agissant des impératifs nationaux de relance de l'économie, du développement et de l'emploi, tous les partis sont globalement d'accord. Reste à définir les priorités et les lignes rouges. Or, celles-ci comme celles-là divisent quelque peu, plaçant tantôt Afek Tounès, tantôt le Front populaire sur la marge, ce alors que l'ULP et Ennahdha peuvent cadrer convenablement. Cette dernière, en particulier, est décrite par le Front populaire comme l'alliée naturelle de Nida Tounès sur les volets économique et social, malgré leurs sérieuses dissensions sur le projet de société. Alors, quel programme pour quelle politique et quel gouvernement ? On sera sans doute mieux édifié lundi prochain, mais rien n'exclut un «programme commun» appuyé par un large soutien à l'Assemblée. Sans forcément impliquer la présence de tous les groupes majeurs au gouvernement.