Une tentative sérieuse d'éducation politique et civique chez l'enfant pour lui inculquer des notions et principes moralisateurs ancrés dans le contexte actuel. L'auditorium du Centre d'arts dramatiques et scéniques du Kef était archicomble. Des enfants accompagnés par leurs parents, ainsi que les fidèles du quatrième art, étaient au rendez- vous vendredi dernier, pour assister à la toute nouvelle création du Théâtre national tunisien Kalila wa Dimna. Cette pièce, mise en scène par Mokhtar Louzir, donnée en première au Centre d'arts dramatiques et scéniques du Kef, sera prochainement en tournée dans le monde arabe. Kalila wa Dimna, vue à la manière de Mokhtar Louzir, est une adaptation assez fidèle de l'œuvre originale d'Ibn Al Moukafâ au titre éponyme. Destinée principalement au public jeune, Kalila wa Dimna, comme l'œuvre originale, s'apprête à plusieurs niveaux de lecture. Œuvre moralisatrice pour les enfants, elle est aussi une critique acerbe de certains maux éternels de la société. Ces fléaux communs que connaît l'humanité depuis la nuit des temps toujours valables à l'époque moderne. L'éternel combat entre le «bien» et «le mal» personnifie les personnages de «Kalila» et «Dimna», des rôles incarnés par de talentueux jeunes acteurs, dénonçant la cour et le pouvoir absolu. Un jeu d'acteurs impeccable assuré par une pléiade d'artistes (Feten Bel Hadj Amor,Houda Issaoui, Ibeb Latlas,Béchir Ghariani, Walid Ezzine, Raed Khadraoui, Malki Labaoui, Achraf Errabhi et Marouane Salaoui). Les personnages du roi, du sage, de l'éléphant et la cour du roi ont été bien représentés et nous ont ramenés à une époque lointaine. Costumes, masques, effets spéciaux, lumières et effets sonores font de la pièce de Mokhtar Louzir une œuvre de référence. Les enfants, visiblement attirés et par l'intrigue et par les décors et les personnages, étaient très attentifs, suivant le rythme évolutif de la pièce et la morale de l'histoire. En effet, Mokhtar Louzir a choisi de mettre en scène en particulier l'apologue et l'épilogue de l'œuvre originale, à savoir celui du «Le lion et le taureau» et «L'éléphant et le moineau». Les enfants ainsi que les adultes ont suivi ces histoires racontées par le sage, dans une technique de mise en abyme, d'un échange de dialogue chargé de messages adaptés notamment au contexte tunisien actuel, favorisant implicitement le bannissement de toutes formes d'exclusion. A dimension à la fois philosophique, moralisatrice et didactique, la pièce de Mokhtar Louzir porte en elle une tentative d'éducation politique et citoyenne chez l'enfant : lui apprendre les valeurs humaines de justice, de sagesse et de clairvoyance... Le tout dans un texte suggestif, assimilant les animaux aux êtres humains. L'auteur fait ainsi parler ses animaux, leur confère des symboles et des caractères semblables à l'être humain pour critiquer et corriger une société corrompue. «Cet ensemble de récits que nous avons représenté s'inscrit dans une tentative sérieuse d'éducation politique et civique chez l'enfant. Lui inculquer des notions et principes moralisateurs, tout en étant étroitement lié au contexte tunisien actuel et les événements que nous vivons aujourd'hui. A vocation didactique, cette pièce fera l'objet d'une convention avec le ministère de l'Education pour s'en servir, dans les années qui viennent, comme un support pédagogique dans les manuels scolaires. La pièce sera prochainement présentée au Maroc avant d'entamer une tournée en Tunisie», nous a déclaré le metteur en scène à la fin de la représentation.